Lascaux est-elle toujours menacée ?
Même si vous ne l’avez jamais visitée, vous en avez sûrement entendu parler ! La grotte de Lascaux est une célèbre grotte ornée datée du Paléolithique Moyen située en Dordogne. Elle fut découverte il y a 80 ans aujourd’hui. Rapidement renommée pour la qualité de ses peintures, elle le fut également par le hasard de sa découverte : quatre « copains » ont suivi leur chien dans une crevasse et ont découvert ce petit bijou de la Préhistoire.
Les peintures et gravures renfermées et protégées par le climat de la grotte qui ont fait sa renommée sont datées d’environ 17 à 19 000 avant notre ère. Elles constituent donc une trace unique du passage de nos ancêtres en Dordogne, sur la colline de Montignac.
L’engouement est tel que près d’un million de personnes se pressent de visiter la grotte jusqu’à 1963. Cependant, la respiration des visiteurs de la caverne entraîna un excès de dioxyde de carbone : les peintures se dégradaient de plus en plus. Ainsi, il fut décidé de fermer le site en 1963 afin de le protéger.
Une reconstitution géante en fac-similé (Lascaux II) fut construite dans les années 70 et ouverte en 1983 afin de permettre aux visiteurs d’avoir un aperçu de ce qui se trouve à l’intérieur de la grotte.
Si la dégradation des peintures fut ralentie, la grotte connut un autre gros problème au tout début des années 2000 : des champignons attaquaient la grotte et les parois du site, se matérialisant sur la forme de taches noires.
Lascaux va bien, elle va mieux, c’est indiscutable
Muriel Mauriac, conservatrice de la grotte de Lascaux
Des mesures drastiques furent ainsi prises : seuls quelques scientifiques ont accès à la grotte pour un maximum de 200h par an. Muriel Mauriac, conservatrice de la grotte, précise que des études sont en cours de façon constante afin de protéger au maximum les peintures. Pour GéoHistoire, elle estime aujourd’hui que la prolifération des champignons est stoppée et que la grotte respire. « Lascaux va bien, elle va mieux » grâce aux dispositifs mis en place depuis quelques années et notamment l’arrêt en 2008 du traitement au biocide, qui faisait finalement plus de mal que de bien.
Un nouveau centre de mise en valeur, Lascaux IV, fut inauguré en 2016 et présente, comme Lascaux II, des reconstitutions de la grotte grandeur nature. Il s’impose également comme un immense centre international autour de l’art pariétal.
La mauvaise expérience de Lascaux aura permis de ne pas reproduire les mêmes erreurs en Ardèche lors de la découverte en 1994 de la non moins remarquable Grotte Chauvet, dans les Gorges de l’Ardèche, près du fameux Pont d’Arc. Cette dernière ne fut ainsi jamais ouverte au public.
Un centre d’interprétation comprenant un fac-similé nommée Grotte Chauvet 2 est également construit à proximité du site.
L’INRAP lance « Rappelle-toi demain ! »
C’est un nouveau concept de podcasts que l’Institut National de Recherche et d’Archéologie Préventive (INRAP), conjointement avec Binge Radio, a lancé début septembre. L’idée ? A travers des podcasts d’une trentaine de minute, l’INRAP entend bien dépoussiérer certains clichés sur cette véritable science qu’est l’archéologie. Chaque mois, Mélanie Wanga interrogera un ou une archéologue spécialiste d’un domaine afin d’éclaircir et de faire le point sur leurs recherches mais également de faire le lien entre notre histoire et notre présent.
Le premier épisode par exemple, sorti le 16 septembre dernier, s’interrogeait sur la place des infirmes dans les sociétés qui nous ont précédés. C’est avec Valérie Delattre, archéo-anthropologue, que l’émission a tenté de définir l’histoire de la perception des personnes handicapées ainsi que la place qui leur était accordé hier ainsi que celle qu’on leur donne aujourd’hui. Et là encore, ce fut l’occasion de dépoussiérer certains clichés…
Rappelle-toi demain, c’est tout les 3ème mercredis du mois sur le site de l’INRAP et de Binge Audio.
Un bâtiment communiste à préserver en Bulgarie ?
Depuis 1981, la chaîne de montagne des Balkans, au cœur de la Bulgarie abrite sur l’un de ses sommets une des curiosités architecturales rarissimes de l’époque soviétique. Perchée à plus de 1400 mètres d’altitude, une immense enceinte circulaire ressemblant à s’y méprendre à une soucoupe volante surplombée de deux piliers monumentaux de 70 mètres de hauteur et ornés de l’étoile rouge.
Ce bâtiment construit en style dit « brutaliste » est abandonné depuis de nombreuses années et tombe petit à petit en ruines pour le plus grand plaisir des amateurs d’Urbex. Si le régime communiste est banni de la Bulgarie, un groupe d’experts milite pour que le monument soit conservé, notamment ses mosaïques réalisées à l’aide de différentes techniques. Ces dernières présentent des scènes traditionnelles de l’iconographie communiste : combats antifascistes, de l’armée Rouge, de la femme socialiste, ainsi que le slogan de Karl Marx : « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
Les chercheurs précisent bien qu’il ne s’agit pas de conserver et de mettre en valeur la gloire du régime communiste dans un pays où les rancœurs envers cette idéologie sont encore très prononcées, plus de trente ans après la chute de Todor Jivkov. Le but serait de créer un lieu de mémoire mais le projet n’est que très peu soutenu par le gouvernement bulgare : nous retombons parfaitement sur l’éternel débat de la mémoire, largement traité l’an dernier dans Les Flâneries de l’Histoire ici et là.
Merci d’avoir lu cette actu, et à très bientôt dans les Flâneries !