Chose promise, chose due. Quelles peuvent être les alternatives à ce « bordeaux bashing » intervenant maintenant depuis une dizaine d’années en France (j’ai tenté de t’expliquer ce qu’est ce « bashing » dans un article il y a quelques jours, va checker si tu veux, c’est pas trop trop dégueulasse et compliqué je pense, programme In wino veritas tmtc…).

Alors c’est connu comme le loup blanc (mais bordel qu’on me fasse rencontrer ce canidé, j’y tiens vraiment !) mais ce sont essentiellement les vins bio et naturels. Et ouais, le bio.

Dans le domaine du vin et principalement dans le Bordelais, beaucoup martelaient bêtement qu’un vin bio était nécessairement moins bon, que ce n’était pas envisageable à Bordeaux, ville très marquée par son classicisme en la matière, que les bons bordeaux étaient systématiquement chers… Nenni, nenni mon pote ! Le vent tourne.

En effet, histoire de balancer le peu de chiffres que j’ai envie de balancer dans cet article, le marché des vins bio, chaque année, augmente de 20% en moyenne depuis 2010 (d’après Gwenaëlle Le Guillou, directrice du Syndicat des vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine) et comparativement, le marché conventionnel stagne. Alors oui, je sais, c’est un peu comme si dans un film un peu nul, les gentils disaient qu’ils sont très très gentils et que les méchants, quant à eux, sont très très méchants. Il n’empêche que la volonté générale tend à confirmer cette tendance. Les gens veulent mieux se nourrir et ça passe par se nourrir autrement (on parle pinard, tu me diras qu’il y a matière à chercher ailleurs niveau nutrition et fondamentalement tu auras raison mais tu auras quand même tort, fort !). On veut manger plus de trucs naturels, les produits de synthèse, allez vous faire cuire le cul ! Dis donc, toi qui a déjà lu ça dans les colonnes de Spectre, tu ne connaîtrais pas Thee Michelle Gun Elephant ?

Donc oui, il y a des alternatives à toutes ces reproches que formulent les partisans du « bordeaux bashing ». Elles arrivent tout doucement à BDX mais sont bel et bien là. Cela s’explique par l’importance de la culture du vin dans cette région de France et son lien très marqué avec les « traditions ». Bordeaux a su, au fil des années, se montrer très hermétique au mouvement « bio » très en vogue de nos jours (as-tu déjà remarqué que « jours » sans le « j » ça fait « ours » et du coup la phrase précédente est beaucoup moins claire qu’auparavant ? Je te laisse quelques secondes là dessus).

Mais comme les montrent les récents exemples chez les grands domaines bordelais que sont Yquem et Latour, les mentalités changent et on se met au vert. Enfin… on veut surtout gagner plus de billets… verts en l’occurrence (je sais, cette couleur là dans la zone euro ne concerne vraiment que les coupures de 100 mais 100 c’est mieux que 50 non ?). La demande et l’intérêt du « bio » chez les consommateurs de vins étant sans cesse en hausse, même si tu perds en rendement, tu te rends bien compte que tu t’y retrouves héhé…

Prenez la Bourgogne (fouilla encore elle !), le domaine de la Romanée-Conti est certifié « bio » depuis 1985 (et ouais ça fait gavé longtemps comparé aux domaines bordelais !). Donc là, concrètement, je viens plus ou moins, entre parenthèses, de faire du gaga et du bordelais, classe non ?

Certains n’ont pas attendu le « bordeaux bashing » pour lancer quelque chose de nouveau dans la région et ce de manière sûrement plus honorable. En effet, le boom du « bio bordelais » est avant tout né du désir de certains vignerons de proposer autre chose. Et ce type là, à savoir, le vigneron smicard travaillant sur guère plus de 10 hectares et produisant un vin naturel par souci de goût, c’est ça qui a commencé à changer la mentalité des consommateurs sur la question parce que mine de rien, ils peuvent faire de sacrées bombes atomiques niveau pinard et même concurrencé les grands Châteaux en proposant quelque chose de meilleur. Le tout n’excédant bien sûr que très rarement 30 euros la téteille soit en moyenne 50 à 100 fois moins cher qu’un Grand Cru classé (alors oui pour toi smicard ou étudiant, levez les mains s’il vous plaît, je lève aussi, tu te dis que tu ne mettras jamais ce prix là dans un vin, aussi bas ce prix peut-il être au regard du marché, et bien je te répondrai que boire moins mais mieux, c’est tout aussi bien voire meilleur et puis, tu peux dénicher de sacrées cuvées bien en dessous de 30 boules l’ami parce que ouais 30 euros une bouteille de vin, ce n’est clairement pas donné).

C’est la bistronomie et ses vins de comptoir frais & digestes qui a surtout fait du tort aux bordeaux de table réputés trop puissants & boisés. Et là encore, les alternatives sont là !

Exemple. Les Closeries des Moussis, détenues par deux jeunes femmes, produisent des bordeaux frais & digestes (tiens tiens !) pourtant dans des conditions climatiques relativement difficiles. En effet, situées dans le Haut Médoc, entre l’océan et l’estuaire, le taux d’humidité est très élevé, pas easy money pour faire pousser des vignes hein… Et ces deux super-héros du quotidien qui, j’imagine, ont de très belles capes rangées dans leur dressing respectif, font du vin en respectant les grands principes d’agro-écologie. Et BAM !

Entre autres, on peut également citer les Trois Petiotes, le Domaine de l’Île Rouge, le Clos 19 BIS, Paul Barre et Ormiale (do some researches guys).

Alors bien évidemment, dans le plus célèbre des vignobles du monde, c’est dur de se faire une place (aussi petite soit-elle) à côté de tous ces Grands Crus classés prestigieux et quand tu as une petite production de vin, malgré tes grands, tes très grands pinards, que ce soit sous différentes appellations (bordeaux-supérieur, blaye…), et bien tu galères !

Et pourtant, certains font de vrais grands vins ! En témoigne le Château Le Geai avec sa palette de véritables petites tueries, à petits prix, pour en avoir goûté. La démarche, là aussi, est hyper intéressante car travaillant sur les anciens cépages du Bordelais comme le carménère, originaire donc de la région, ce cépage alors séculaire a ensuite entièrement disparu du fait de la phylloxera au XIXème siècle. La vie est belle et Claude Valat, œnologue français de l’université de Montpellier, en 1991 au Chili, découvre au milieu des plants de merlot, un plant de carménère. Ce dernier rentre donc au bercail et grâce à cela (comme quoi, ça sert de se balader au milieu des vignes, Just Do It *façon Shia LaBeouf*), bien des années plus tard, le Château Le Geai étant créé en 2000, tu peux boire un bordeaux carménère noire, c’est-y pas classe ça ? De plus, tout comme les Closeries des Moussis, Le Geai pratique une agriculture biologique & biodynamique et l’élevage en amphore de surcroît (la biodynamie ça pète des culs comme dirait ma maman).

T’as déjà entendu parler de cosmoculture dans le vin ? Parce que j’ai très très envie de t’en parler (une prochaine fois).

Allez… *hips* salut !