Pour les plus intéressés, comme d’habitude je vous recommande : LAFFONT, Pierre-Yves (dir.). L’Armorial de Guillaume Revel : Châteaux, villes et bourgs du forez au XVe siècle. Nouvelle édition. Lyon : Alpara, 2011.

La ville de St-Galmier

Saint-Galmier existe déjà de façon certaine au XII° siècle puisqu’il est question dans les années 1130-1150 d’un chapelain, impliquant la présence d’une agglomération. Le village est nommé Sanctum Baldomerum dans les sources anciennes (du latin Baldomerus). Cet ancien nom explique encore aujourd’hui pourquoi les habitants de la commune de Saint-Galmier sont appelés les baldomériens.

L’armorial la représente vue depuis le sud

Appuyée par les comtes du Forez, Saint-Galmier se développe considérablement au XIII° siècle et obtient des chartes de franchise provenant de ces derniers. L’artisanat textile permet le développement économique de la ville, qui finit par sortir de ses remparts initiaux. Le dessin de Revel nous montre très bien ces deux enceintes fortifiées.

Durant la Guerre de Cent Ans, Jeanne de Bourbon s’installe régulièrement à Saint-Galmier. Plus tard, Anne Dauphine visitera également à plusieurs reprises la ville.

L’Église Saint-Galmier

Elle se trouve depuis sa construction dans le cœur le plus ancien de la ville. L’armorial lui donne un aspect très fortifié. C’était probablement le cas à l’époque à cause de la Guerre de Cent Ans qui a fait rage jusqu’au début du siècle. Au moment où Revel passe par Saint-Galmier, cette dernière est encore en construction et représente un clocher massif ressemblant à s’y méprendre à un donjon…

La façade actuelle n’a cependant presque plus rien de médiéval

Pour avoir la façade qu’elle possède aujourd’hui, elle fut cependant largement remaniée. Le clocher fortifié très visible sur l’armorial fut détruit en 1899 lors de la réfection de la façade en style néo-gothique, qui lui donne son aspect actuel.

Les autres vestiges du village

De la grande enceinte fortifiée, il reste quelques vestiges ainsi que l’une des nombreuses portes qui permettait d’accéder à la ville. La porte de l’Hôpital (aujourd’hui porte de Saint-Étienne) est encore debout même si cette dernière fut déplacée de quelques mètres, sur décision de la mairie, afin de mieux la conserver.

La porte Saint-Étienne, à Saint-Galmier – Crédit Photo : Mairie de Saint-Galmier

Dans le village de Saint-Galmier, nombreux sont les vestiges qui attestent du développement économique de la ville, avec des constructions et des éléments architecturaux que l’on ne manque pas de remarquer lors d’une balade dans le centre. La plupart des maisons sont de style Renaissance (XV° siècle / XVI° siècle).

Enfin, à l’extérieur du village, le Pont Gavé, construit dans la première moitié du XIV° siècle pour mener au manoir de Teillières, une résidence excentrée que les comtes du Forez préfèrent par la suite au château présent dans le bourg. Il est attesté de façon certaine en 1381. Toujours debout, il permet encore aujourd’hui de traverser la Coise.

Le pont gavé, sept fois centenaire – Crédit : Mairie de Saint-Galmier

Dernier élément à évoquer sur Saint-Galmier, son exploitation d’eau minérale. Car s’il y a très peu de certitude sur la présence d’un habitat antique, la présence d’une source d’eau minérale exploitée est attestée depuis cette période (en témoigne la toponymie médiévale « Fonfort » qui littéralement désigne une « fontaine forte »). À l’époque de Revel, une porte de la ville portait d’ailleurs le nom du lieu : la Fonfort.

Au XVIII° siècle, de nombreuses petites industries captent l’eau à quelques centaines de mètres sous terre. En 1778, ce qui deviendra par la suite l’entreprise Badoit naît dans la ville de Saint-Galmier et n’en est jamais partie : l’eau Badoit est embouteillée encore aujourd’hui à Saint-Galmier.

Le vieux bâtiments XIX° siècle de l’usine Badoit – Crédit : Service communication Badoit

Le village est aujourd’hui classé parmi les « Plus Beaux Détours de France » et vaut, effectivement, le détour !

La Belle Garde du Forez !

C’est en 1260 que Bellegarde-en-Forez (à l’époque le chatiau de belle garde) est mentionnée pour la première fois dans les sources écrites, ce qui est donc relativement tardif à l’inverse de nombreuses autres places fortes déjà évoquées dans cette série. Le château et le bourg appartenait ainsi aux comtes de Forez.

La modeste taille de Bellegarde n’a pas inclut la création d’un lieu de culte sur les lieux. La ville était ainsi comprise dans la sphère d’influence de l’église Notre-Dame-des-Farges, situé à proximité, ce qui explique l’absence d’église dans l’enceinte fortifiée.

Cette dernière est donc représentée à l’extérieur du village fortifié tandis que l’enceinte et le château (reconnaissable à son donjon) se situent sur un promontoire rocheux.

Le bourg de Bellegarde représenté dans l’armorial de Revel

Le village ancien de Bellegarde ayant été délaissé au début du siècle dernier, ce dernier ne nous a que très peu laissé de traces. Mais il y en a… Il faut juste savoir où chercher !

Un château existe toujours à Bellegarde-en-Forez mais il est d’époque plus récente, il occupe près d’un tiers de la surface du village médiéval, qui a presque totalement disparu. Le château actuel voit ses constructions s’étaler successivement du XVI° siècle au XIX° siècle. Il est donc plus tardif que le passage de l’ami Revel. Le château que ce dernier a dépeint fut sans doute délaissé au profit du nouveau quelques décennies après.

Le château de Bellegarde – Crédit : Ville de Bellegarde-en-Forez

Des remparts médiévaux de l’ancien village, il reste quelques pans de murs situés en contrebas du château et dans le village. Ils sont aisément reconnaissables à leur meurtrières puis à la végétation qui les recouvre aujourd’hui.

Il reste également la porte Bandin. Cette dernière était vraisemblablement celle représentée sur la vignette de l’armorial avec un pont-levis et un important dispositif défensif. Aujourd’hui bien sûr, il ne reste que l’arc de la porte. Cette dernière a peut-être, selon certains historiens, été remaniée au XVI° siècle.

Cette porte était relativement importante puisqu’elle se trouvait à proximité de la route reliant Montbrison à Lyon, d’où l’importance d’une place fortifiée. Aujourd’hui encore, cette portion de la N89 est nommée Route de Lyon.

Bien des années après le passage de Revel, le village verra naître en 1759 un futur député révolutionnaire en la personne de Claude Javogues, personnage sulfureux du Forez déjà évoqué dans notre premier épisode sur Montbrison (j’aime bien les renvois comme ça du dernier au premier article, ça boucle la boucle comme on dit). Aujourd’hui encore, la porte de sa demeure se trouve dans le village et est classé Monuments Historiques.

La porte de la maison natale de Claude Javogues à Bellegarde-en-Forez

Et voilà, ces petites pérégrinations en terres foréziennes sont d’ores et déjà terminées avec ce quatrième épisode, qui j’espère vous aura plus et vous aura donner envie de découvrir ce beau territoire qu’est le Forez !