Un ennemi héréditaire : l’Empire Perse
Pour mieux comprendre la bataille des Thermopyles (« les portes chaudes » en grec), il faut d’abord contextualiser, comme toujours en Histoire me direz-vous. Ce conflit prend place dans la première moitié du V° siècle avant J-C dans le contexte des Guerres Médiques.
Les Guerres Médiques, pour ceux ne le sachant pas, sont une série de conflits opposant les différentes cités grecques contre leur ennemi commun : l’Empire Perse. Au cours de ces conflits, le jeune État qu’est l’Empire Perse tente (souvent en vain) d’étendre son territoire en Grèce.
On distingue deux grandes phases dans ces guerres. La première débute par la révolte des cités grecques d’Asie Mineure contre l’Empire Perse. A la suite de cet événement, le roi Darius lance une expédition punitive s’achevant à la célèbre bataille de Marathon en 490 avant J-C. L’alliance des cités d’Athènes et de Platée l’emporte de façon spectaculaire.
Il faut savoir que les Cités-États grecques, souvent opposées les unes aux autres (particulièrement Sparte et Athènes) démontrèrent leur capacité à s’unir ponctuellement contre un ennemi commun.
Dix ans plus tard, dans l’optique de venger cet affront et d’envahir de façon définitive la Grèce, le roi Xerxès lance une des plus grandes expéditions militaires de l’histoire (cf. carte ci-dessus).
Un vent de terreur
Pierre Lévêque, L’aventure grecque, Armand Colin, 1964
Devant l’imposante armée perse qui fait souffler « un vent de terreur sur la Grèce », les représentants de toutes les cités grecques se retrouvent sur l’isthme de Corinthe en 481.
Une grande union panhellénique est prônée par Athènes et Sparte qui décident de s’unir, suivis par 29 autres cités. Les autres décident, soit de rester neutres, soit de s’allier à la Perse (dont la politique extérieure était bien souvent « diviser pour mieux régner »).
Les premiers temps de l’expédition sont des victoires perses dues au manque d’organisation des grecs. La région de la Thessalie tombe facilement, ce qui facilite la percée perse en Grèce. Les cités grecques réagissent en adoptant deux positions défensives en août 480 av. J-C : une puissante flotte grecque alliée (notamment athénienne) affronte la Perse au large de l’île d’Eubée dans ce que l’on nomme la Bataille de l’Artémision. Cette dernière aboutit à un repli grec sur Salamine à la chute de Léonidas dans les Thermopyles.
Car oui, pendant ce temps-là, le roi Léonidas Ier de Sparte, accompagné de ses alliés du Péloponnèse et des cités de Thèbes et de Thespies, s’avancent dans le défilé montagneux des Thermopyles, lieu aisé à défendre du fait de son étroitesse.
Une résistance mémorable
A défaut de respecter à la lettre l’Histoire, le film 300, adapté du comics éponyme de Franck Miller, mettait en avant la cité spartiate. Dans la fiction, Léonidas ne semble s’être concerté avec personne et l’alliance grecque n’existe pas. Ceci pour appuyer le déséquilibre des forces en présence. En effet, Zack Snyder présentait les 300 spartiates et une poignée d’alliés contre une armée perse composée d’hommes et de créatures étranges. Cependant, les grecs étaient plus nombreux et les Perses des êtres humains comme les autres.
Réputée pour avoir l’armée la plus puissante et la mieux entraînée de Grèce, Sparte envoie effectivement Léonidas et 300 hoplites. Mais ces derniers sont rejoints par des troupes en provenance des cités alliées. Au début de la bataille, ce sont plus de 5 000 grecs qui se présentent face à l’armée perse, forte d’entre 70 000 et 300 000 soldats selon les sources (c’était un peu comme la police et la CGT aujourd’hui). Mais l’idée est là : le déséquilibre est grand et la résistance des grecs est héroïque.
Les deux camps se font face. Les hoplites grecs, avec leur système de combat, la « phalange » dans lequel les soldats sont serrés les uns aux autres afin de former un bloc compact destinée à retenir une armée ennemie.
C’est à cette occasion que le roi Léonidas aurait prononcé son célèbre laconisme : « Viens les prendre » (les Perses avaient proposé la paix si les grecs rendaient les armes), encore aujourd’hui devise du premier corps de l’armée grecque.
A la suite de la trahison d’un grec (ou peut-être de plusieurs), les Perses apprennent l’existence d’un chemin permettant de prendre à rebours les hellènes. Devant la nouvelle, la plupart des forces en présence quittent le combat excepté les Thespiens et les 300 Spartiates de Léonidas.
Ils livreront leur dernier combat pour freiner l’avancée perse et ainsi permettre aux autres cités grecques de se rassembler. Au bout du troisième jour de combat, Léonidas et une large partie de ses soldats tombent sous les flèches perses. Près de 4 000 grecs périrent dans cette lutte. En revanche, près de 20 000 perses perdront la vie dans les Thermopyles, ce qui est impressionnant compte tenu des forces en présence.
Un passage à la postérité
Les historiens grecs comme Hérodote ont relaté les exploits grecs en ces jours-là. Après la mort de Léonidas, les athéniens et leurs alliés se replient sur Salamine, qui sera le lieu d’une des plus grandes victoires des grecs sur la Perse. Peu de temps encore après, à la Bataille de Platées, les grecs alliés mettront un terme définitif aux espoirs de Xerxès.
Pour rendre hommage aux soldats tombés, le poète Simonide de Céos aurait selon Hérodote, fait graver sur une pierre des Thermopyles :
« Étranger, va dire à Lacédémone, Que nous gisons ici par obéissance à ses lois«
À noter que Lacédémone était l’autre nom pour la cité de Sparte. La pierre originale n’existe malheureusement plus mais fut remplacée par une plaque en 1955.
Dans le film 300, cette phrase est mentionnée mais la citation est différente car elle est inspirée librement de la traduction latine de l’auteur Cicéron :
« Passant, va dire à Sparte que nous sommes tombés ici, pour obéir aux saintes lois de la patrie ! »
De nombreuses œuvres, littéraires ou cinématographiques ont rendu hommage à cette bataille, déjà avant Zack Snyder en 2006.