Il y a de cela un bon moment déjà, on a sorti un article qui tentait bien naïvement de cerner ce qu’est la cosmoculture. Cette pratique de faire du vin qui semble bien barrée pour le commun des mortels. Article, où j’avais notamment dépeint les grands principes régissant cette mouvance à grands coups de géobiologie et de mémoire de l’eau. Fendard.
Pour cette « tant attendue » PARTIE II, on va rentrer un peu plus dans le vif du sujet et ainsi, aborder certaines pratiques plus en détail avec quelques-uns des acteurs de la cosmoculture. Acteurs apprentis sorciers, dois-je préciser.
Pour rappel, la cosmoculture provient du Domaine Viret et a été déposée en tant que marque de fabrique par les vignerons drômois. L’argent, toujours l’argent. Donc techniquement, les zozos (je taquine) dont il sera question ici sont plus dans une viticulture dite biodynamique. Ce n’est pas franchement de la cosmoculture – étant donné qu’ils n’ont plus le droit d’utiliser ce terme – mais cela s’y rapproche grandement.
Ces pratiques partent d’un principe simple : le terroir possède des propriétés magiques, ces dernières concourant énormément à la qualité du vin.
Dès lors, plusieurs de ses adeptes se sont lancés dans un voyage teinté de mysticisme et de croyances ésotériques pour tenter de comprendre cette pratique agricole et ainsi l’approfondir, à base d’eau de Lourdes, de mesures sacrées et j’en passe.
Et vous savez quels éléments jouent un rôle central dans tout ça ? Les cailloux. Ouais, les dolmens et autres menhirs, vestiges d’un autre temps, occupent une place de choix dans l’élaboration du vin. C’est génial.
Parlons alchimie vinique voulez-vous
D’après ces vignerons du turfu (ou du passé, c’est selon), des forces invisibles, des énergies cachées sont à l’œuvre au sein du vignoble. C’est le cas du Château Le Puy, situé dans le village de Saint-Cibard, faisant partie de l’AOC Bordeaux-côtes-de-francs (à côté de Pomerol et Saint-Emilion pour faire plus simple). En effet, le terroir de ce domaine viticole est, depuis des générations, considéré comme un haut lieu.
Un haut lieu ? Mais un haut lieu de quoi au juste ? Eh bien, Château Le Puy disposerait d’un terroir à fort potentiel énergétique (le truc caché entre les rangées de vignes). C’est flou, hein ? Eh bien pas tant que ça, figure-toi. Sur la propriété de la famille Amoreau se trouve un mégalithe, une forme d’architecture néolithique, en gros, un vestige d’une époque vachement lointaine quoi.
Étymologiquement, mégalithe vient du grec méga : grand, et de lithos : pierre. Oui, un vestige mégalithique, c’est un ensemble de gros cailloux. Une construction monumentale faite de larges pierres, sans avoir recours à l’utilisation de béton ou d’un mortier, les pierres sont justes posées comme as et le tout tient depuis le néolithique, bravo les gars.
Jean-Pierre Amoreau, le patriarche de la famille, décrit le monument comme un cercle d’énergie.
Et Jean-Pierre n’est pas druide. Il se considère comme une personne tout à fait rationnelle. Alors ça peut prêter à rire mais parfois, le farfelu est fait de règles et préceptes très précis. Il a été convaincu de l’efficacité de ce vestige sur la qualité de son vin par des experts en ésotérisme venus visiter son domaine. D’après eux, le mégalithe aurait une portée de plus de 900 mètres et affecterait ainsi ses merlots.
Alors, il faut savoir une chose. La plupart des vignerons qui adhèrent à ce genre de croyance sont souvent plus sensibles que d’autres à la question environnementale. Ce sont des personnes qui, déjà, ont une démarche plus éco-responsable et surtout, qui n’hésitent pas à revenir vers un modèle agricole et économique plus respectueux de la biodiversité. C’est ça la biodynamie. C’est revenir vers quelque chose de plus sain, c’est faire corps avec l’éco-système dans lequel on se trouve. C’est avec ce genre d’éveil de conscience que l’on peut envisager de faire confiance aux forces invisibles se dégageant de la topographie de son lieu de travail pour améliorer la qualité de son vin. Tout est énergie les amis.
Ainsi, Jean-Pierre et son fils Pascal produisent du vin sans sulfites depuis 1990. Année à laquelle le Domaine Viret se lance dans la cosmoculture. Coïncidence ? Oui.
Le Château Le Puy cultive ses vignes en fonction du calendrier lunaire. Putain, j’ai beau ne pas saisir le fonctionnement de tout ça, je trouve la démarche hyper classe.
« Mais de toute manière Jean-Pierre, tu n’as jamais réussi à couper une saucisse sèche convenablement ! Dès que l’on te file le canif, tu nous saccages ça et on se retrouve avec des tranches trop épaisses. Tu fais chier JP ! » s’énerve Lucien.
« Ouais okay, je comprends, mais moi je fais du vin selon le calendrier lunaire ! Qu’est-ce que tu vas dire maintenant ? » répond laconiquement Jean-Pierre.
« Ouais j’avoue, c’est hyper classe. » admet finalement Lucien.
Selon les Amoreau, cultiver selon le calendrier lunaire aide à récréer un cortex d’énergies vitales qui va, dès lors, énormément influencer la structure même de la vigne.
Comme expliqué précédemment, ce qu’il se passe au Château Le Puy ne peut pas être qualifié de pure cosmoculture, le Domaine Viret en possédant le monopole, mais cela s’en rapproche énormément. En même temps, cercle d’énergies néolithiques et calendrier lunaire, on est plus ou moins sur des équivalences. Pourtant, Jean-Pierre et Pascal ne s’y trompent pas et ne laissent pas de place au doute quant à leurs nombreuses initiatives, ils déclarent simplement faire du vin comme le faisaient, en leur temps, leurs grands-parents (le retour aux sources plus respectueux de l’environnement, t’as vu), c’est-à-dire sans utilisation d’engrais chimiques, d’herbicides ou de pesticides. De plus, dans leur processus d’élaboration du vin, il n’y a aucun ajout de levures ou de sucres. Ils font du naturel avec un minimum d’intervention humaine. Ce qui, posons-nous cinq secondes, est plutôt une pratique très rare dans la région de Bordeaux.
Et c’est là la base pour se plonger un peu plus dans ce qu’est la cosmoculture et les pratiques environnantes. Cultiver autrement, cultiver respectueusement.