Il fallait bien y passer un jour… L’un de ces deux week-ends de la saison où tu sais que prendre des points relève de l’exploit. Où tu regardes derrière toi au classement pour estimer quel serait le moins pire des scénarios au niveau comptable. Où toute série préalable de bons résultats peut être brisée en l’espace d’une soirée placée sous le signe de l’impuissance. Un match à part confrontant une multinationale dotée d’une surface financière illimitée à un club dont l’histoire sportive et l’engouement populaire sont les seules véritables richesses. Mais pas pour autant un match « bonus » façon coupe de France, comme l’a rappelé ce bon vieux cap’tain Perrin cette semaine.

Car y a-t-il un moment potentiellement aussi favorable pour jouer le club de la capitale? Quelques jours après le succès probant obtenu à Old Trafford en 8ème de finale de ligue des champions, une bonne semaine avant la réception de la bande à Pogba (Paul, pas Florentin, même si le récent champion du monde sera absent au retour), au beau milieu d’une saison où l’objectif national est déjà atteint depuis bien longtemps. La classe du PSG, c’est la coupe aux grandes oreilles. La ligue 1, c’est la récré. Ça jouerait presque avec un ballon « corner » et des cages constituées de deux vêtements. De là à dire que ce match ne constitue pas une priorité pour M’Bappe et ses copains, il n’y a qu’un pas. Un pas suffisant pour bousculer ces derniers et soyons fous, réaliser un exploit? On peut légitimement y croire.

Si le PSG ne participait pas au championnat, Sainté en serait la meilleure équipe à domicile. 29 points pris sur 36 possibles, deuxième meilleure attaque, deuxième meilleure défense. Un bilan qui impose le respect malgré un accroc – et quel accroc – face au voisin Lyonnais. De quoi commencer la rencontre avec confiance. Les verts ont des armes, qu’ils tâchent de les utiliser. Il faudra être à 1000% et ne pas passer à côté de l’événement. Comme l’année dernière, en somme, mais pendant 95 minutes, pas 94…

Tel que le dit un dicton de mise en ces circonstances et vérifié à maintes reprises (un peu moins cette saison ceci dit), sur un match, tout est possible. Y’a qu’à voir ce qu’a fait Guingamp il y a quelques semaines contre la même équipe, et ce, qui plus est, au Parc. Quand on est gamin, on ne cesse de nous répéter à l’aune des rencontres face à des équipes supposément plus fortes, qu’« ils ont deux bras et deux jambes comme nous ». Simpliste, réducteur, mais foncièrement juste. Alors cassez leur les jambes, arrachez leur les bras, si vous souhaitez prendre un avantage, mais rentrez-leur dedans, c’est le minimum qui vous est demandé. Sur le plan comptable, prendre des points qu’on n’avait pas forcément prévu de prendre ne serait qu’un énorme plus, probablement déterminant à l’heure où sonnera le glas d’une saison qui, on l’espère, nous portera vers des sommets inexplorés depuis trop longtemps. Mais l’essentiel est là: respectez nos couleurs, défendez ce maillot. Pour que la seule étoile Française brille un soir de plus dans un chaudron annoncé comble. Allez les Verts!

Comment ça va jouer ?

Côté Stéphanois, le groupe sera à priori au complet, sauf blessure Hamoumesque de dernière minute. Diony est de retour, pour notre plus grand plaisir, et pourrait débuter la rencontre malgré la solide prestation de l’inspecteur Beric face à Strasbourg. On peut s’attendre au désormais habituel 3-5-2 aligné par Jean-Louis Gasset, dans une configuration plutôt défensive, avec un bloc bas qui devra être capable de se projeter très vite à la récupération.

En ce sens, le rôle transitionnel de M’Villa, Aït Bennasser et Cabella sera des plus importants. On espère voir l’un des deux premiers apporter du surnombre en phase offensive, sans quoi il sera difficile de réussir à déjouer l’arrière-garde Parisienne. Cela avait bien fonctionné l’année dernière et au match aller au Parc, avec un Yann M’Villa souvent accompagnateur des offensives de ses coéquipiers. Derrière, il faudra être prudent et éviter les relances hasardeuses (hein Subo et Kolo…) et surtout, que nos latéraux, prompts à se porter à l’offensive pour notre plus grand plaisir, restent assez proches des centraux pour éviter de laisser des espaces dont pourraient profiter les fusées Parisiennes.

Thomas Tuchel sera évidemment privé de Neymar et Cavani, en plus de Rabiot qui n’a toujours pas réintégré le groupe et Meunier blessé, ce qui ne sera pas pour nous déplaire. Auréolés de leur superbe performance de ce mardi face à Manchester United, les Parisiens arrivent dans le chaudron avec dix points d’avance sur leur dauphin Lillois malgré deux matchs de retard. On s’attend ainsi, au vu de tous ces éléments, à voir une équipe légèrement remaniée mais compétitive pour laver ce premier revers de la saison subi chez nos voisins il y a deux semaines. Paredes pourrait connaître sa première titularisation sous ses nouvelles couleurs, au sein d’un collectif qui a gagné en verticalité et en efficacité dans le jeu cette saison. Il faudra donc, tel qu’on l’a dit, fermer les espaces et empêcher au maximum le « cassage de ligne » des milieux parisiens, afin d’éviter les décalages souvent fatals lorsque l’on défie une telle équipe.

Je me souviens… Saint-Etienne 1 – 1 Paris Saint-Germain, 6 avril 2018

Après une première partie de saison plus que compliquée, un endeuillant 0-5 encaissé face à l’ennemi, une cascade de mauvais résultats et deux changements d’entraîneurs, les verts ont repris l’année 2018 sur de bien meilleures bases. Au coup d’envoi, ils restent sur neuf matchs sans défaite et sont remontés de la 16eme à la 9eme place, pouvant se permettre de rêver d’Europe, ce qui semblait illusoire quelques semaines auparavant. Le tout, grâce à des recrues ayant changé la face de cette équipe: Subotic, M’Villa et Debuchy sont arrivés pendant l’hiver, N’Tep aussi, même si l’on ne retiendra pas grand-chose de son passage sous nos couleurs. Jean-Louis Gasset, arrivé dans un rôle obscure d’adjoint de Julien Sablé, à repris les rênes de l’équipe avant la trêve et semble avoir enfin trouvé une formule qui fonctionne.

En face, le PSG est presque champion et a déjà perdu une grosse part de sa saison dans son élimination en 8emes de finale de Ligue des Champions face au Real Madrid. La dynamique est Stéphanoise, bien que le bilan des Parisiens sur ces fameux neuf derniers matchs reste supérieur. Les verts entament le match sans complexe et bousculent une équipe Parisienne qui ronronne. Ils sont rapidement récompensés grâce à un but de l’homme fort du moment, Rémy Cabella, auteur de son sixième but de la saison. Ils vont même s’offrir l’occasion d’enfoncer le clou sur un penalty obtenu par le buteur Stéphanois, qui se chargera lui-même de rater cette balle de break, Aréola se présentant comme le seul joueur de son équipe vraiment concerné par les événements. Tout le contraire d’un Presnel Kimpembe dont l’inconstance n’a d’égal que le boulard, et qui se voit exclure juste avant la mi-temps pour un second carton jaune. Tout roule pour les hommes de Gasset. GG est en fusion, à l’instar d’un Kop Sud retrouvé, dans lequel je me suis massé en compagnie de 37000 autres fous furieux qui voient l’exploit approcher à grand pas. Surtout que Cavani, habituellement si adroit et rarement frappé par la suffisance, trouve le moyen de manquer le but vide après avoir éliminé Ruffier.

Tout semble concorder, les Parisiens n’y sont pas vraiment et poussent sporadiquement. Tannane, revenu d’un prêt catastrohoque à Las Palmas, passe tout prêt de porter le coup de grâce mais Aréola claque la tentative du Marocain sur sa barre. Et alors que l’on se rapproche du coup de sifflet final, un centre presque anodin termine sur la cuisse du pauvre Mathieu Debuchy qui, après avoir été héros épique durant plusieurs rencontres, enfile cette fois le costume de héros tragique en marquant dans ses propres buts. Un point presque miraculeux pour Paris, qui, après avoir été bousculé tout le long de la rencontre, égalise sur ce qui ne peut être considéré comme une occasion. Le chaudron rendra tout de même hommage à ses valeureux combattants qui continuent cependant leur marche en avant: dixième match sans défaite, prestation aboutie et espoirs européens de plus en plus forts. Il faudra avoir le même état d’esprit demain en espérant, cette fois, un dénouement plus heureux…

Ce que l’on aimerait voir :

– Un état d’esprit irréprochable, digne des valeurs Stéphanoises. Même si le résultat n’est pas celui escompté, tout le monde doit donner le maximum jusqu’à la dernière seconde, sur le terrain comme en tribune.

– KMP titulaire, peu importe où. KMP, c’est un peu la lettre blanche au Scrabble: tu peux la mettre partout, elle ne te décevra jamais. Ces derniers temps, l’ancien Lorientais est bon partout: latéral droit ou gauche, milieu axial, rien ne lui pose de problème. Aux autres de s’inspirer du seul joueur de l’effectif à avoir mérité une chanson à son effigie.

Ce qu’on ne veut pas voir :

– Un match plié trop tôt. Paris a la fâcheuse habitude s’ouvrir le score très tôt dans ses matchs et à maintenir une pression constante afin de faire craquer ses adversaires. Il faudra donc bien gérer le début de match. Ça tombe bien: Sainté n’a jamais pris de but dans le premier quart d’heure cette saison.

– Des Verts timorés. Jouer avec la peur au ventre et trop respecter les Parisiens est le meilleur moyen d’en prendre une belle dans la musette. L’état d’esprit sera déterminant pour espérer quelque chose dans ce match.

Les compos probables :

Sainté: Ruffier – Perrin, Subo, Kolo, Gabriel Silva, KMP (ou Debuchy) – M’Villa, Aït Bennasser (ou KMP), Cabella – Khazri, Beric (ou Diony ou Hamouma)

QSG: Aréola – Kimpembe, Thiago Silva, Daniel Alves, Kehrer – Marquinhos, Paredes, Draxler, Di Maria, Diaby – M’Bappe

Prono:

On va leur en mettre plein la gueule, dans un chaudron qui a faim de ferveur après avoir été privé de voix mercredi. On annonce un carton : 1-0, but de Khazri sur coup-franc.