Le terme homophobie, apparu dans les années 1970, vient de «homo», abréviation de « homosexuel », et de « phobie », du grec phobos qui signifie crainte. Il désigne les manifestations de mépris, rejet, et haine envers des personnes, des pratiques ou des représentations homosexuelles ou supposées l’être.
Depuis le début du championnat, cette définition est au cœur du débat footballistique et pour cause, des matchs de Ligue 1 et de Ligue 2 sont régulièrement arrêtés à la demande de la LFP et du gouvernement pour lutter contre l’homophobie. Nous avons donc décidé de commencer par le commencement à savoir définir le sujet, intéressons-nous maintenant aux faits.
« Depuis la nuit des temps, il y a des insultes entre les supporteurs, ça fait partie du jeu » Cyprien, milieu niçois juste après l’interruption du match Nice-Marseille pour des banderoles « à caractère homophobe ». Comme le joueur niçois le souligne, depuis tout temps, le stade est un lieu où règne le folklore. Beaucoup d’acteurs du foot s’accordent à dire que les insultes font partie du jeu et constituent ce même folklore et qu’elles ne sont pas à prendre au sérieux, ne constituant en fait que du second degré. A l’heure où de nombreux matchs sont arrêtés à cause de propos à caractère homophobes, rares le sont pour des chants ou actes à caractère racistes. La politique des autorités est donc quelque peu dénuée de sens, en voulant stopper certaines insultes mais pas d’autres, même si vous nous direz qu’il faut bien commencer un travail par quelque chose. Le problème, c’est que les autorités semblent prendre la question par le mauvais bout en oubliant totalement de définir le problème avant d’essayer d’en venir à bout.
Par exemple, la plupart des matchs arrêtés l’ont été pour le chant visant la Ligue de Football Professionnel (LFP) : « La Ligue, La Ligue, on t’enc*** ». Outre le côté violent des propos qu’on ne remet pas en cause, lorsque l’on regarde le pur droit, il y a quelque chose qui cloche comme le souligne un spécialiste du domaine, Maître Pierre Barthélémy, avocat d’associations de supporters :
Du côté des banderoles, c’est à peu près la même situation, il est très difficile d’affirmer à 100% que celles-ci ont bel et bien le caractère homophobe réprimé. Par exemple, lors du match Nice-OM le match a été interrompu après la sortie de deux banderoles : « Bienvenue au groupe INEOS : à Nice aussi on aime la pédale » ; « LFP/Instance : des parcages pleins pour des stades plus gay ». La première faisait donc référence à l’arrivée du groupe Ineos à Nice, groupe très impliqué dans le cyclisme également en comptant notamment dans ses rangs Bernal, dernier vainqueur du Tour de France. La seconde visait quant à elle la politique répressive des autorités vis-à-vis des supporters relative aux déplacements interdits et limités. Dans les deux cas, il est difficile de relever l’intention de blesser ou d’offenser une catégorie de personnes, les supporters Niçois surfant simplement sur l’actualité afin de faire passer un message.
Autre banderole faisant débat, celle sortie à Angers : « Arbitre enc****, c’est homophobe pour une femme ? ». Là encore nous ne remettons pas en cause la violence des propos, mais tout n’est pas à jeter dans ce message : les Angevins faisaient référence à leur match arbitré par une femme et ceux-ci pointaient ici une autre faille : sans vous faire un cours d’éducation sexuelle, le mot argotique en question peut s’appliquer aux deux sexes et donc n’avoir de fait aucun caractère homophobe. Finalement le problème reste le même, ne faudrait-il pas d’abord définir ce qui est homophobe avant de vouloir en faire la traque ?
Répression sans cohérence ?
L’autre problème qui fait enrager les supporters de football est le manque de cohérence dans les actions menées par le gouvernement. Roxana Maracineanu est la ministre des Sports à l’origine de la répression visant à éradiquer l’homophobie dans les stades, et pourtant celle-ci s’est rendue en Mars dernier au Qatar afin d’y promouvoir le foot français, tout en visitant les installations du tant controversé Mondial 2022 qui a déjà fait plus de 1200 morts sur les chantiers selon la Confédération syndicale internationale (CSI). Se rendre au Qatar n’était évidemment pas la meilleure chose à effectuer quand par la suite on veut s’attaquer à l’homophobie, puisqu’il faut bien rappeler que l’homosexualité y est criminalisée là-bas, pour les hommes comme pour les femmes, cela pouvant même conduire pour les musulmans à la peine de mort…
Il est donc bien beau d’arrêter des rencontres tout en sachant que cela fera le buzz sur les réseaux sociaux et médias, mais il faut à ce moment-là être en accord avec le message que l’on veut véhiculer. C’est précisément ce qui est reproché à la Ministre des Sports, à savoir se servir de ce combat légitime qu’est l’éradication de l’homophobie dans les stades, pour se faire un coup de com’ personnel. Et le moins que l’on puisse dire c’est que cela fonctionne plutôt bien pour le moment, puisque l’on retrouve la Ministre très fréquemment sur la scène médiatique. En définitive, l’éradication de l’homophobie dans les stades et plus généralement dans la société est nécessaire et il est d’ailleurs incompréhensible que ce phénomène ait encore sa place au XXIème siècle. Néanmoins, comme tout défi de taille, celui-ci se prépare et doit se faire par étape. C’est-à-dire qu’il faudrait commencer par définir ce qui est homophobe ou non dans les stades, évitant ainsi bon nombre d’interruptions de match pour excès de zèle. Bien entendu, lorsque l’on mène ce genre de combat, on se doit d’être irréprochable et cohérent ce qui n’est pas vraiment le cas comme on a pu le voir. Enfin, extraire l’homophobie des stades est un beau combat, extraire toutes les formes de discriminations en serait un magnifique. Rappelons qu’il n’y a pas si longtemps que cela, une banane géante flottait dans les tribunes de la capitale des Gaules pendant que Steve Mandanda s’échauffait, sans que cela ne soit suivi d’une véritable intervention des autorités.