C’était prévisible, et pourtant on avait envie d’y croire. Match le dimanche soir en prime sur Canal, qui nous avait vu perdre 15 sur les 20 derniers matchs sur cette plage horaire (pour 3 victoires), 40 ans sans victoire au Vélodrome, 3 points sur 18 possibles face aux clubs du top 5, un niveau de jeu et une intensité digne des critériums de Saint-Denis-sur-Coise depuis des semaines et aucune variété dans le schéma tactique ni dans les intentions. Tout était contre nous et bien entendu, lorsque l’on se retrouve dans ce genre de situation, ça finit toujours de la même manière : on ne crée pas l’exploit. La peur de gagner et de franchir un palier, voilà le mal qui gangrène l’ASSE depuis trop d’années. Quand Montpellier, Lille, Auxerre, Nice, Bordeaux et même Toulouse ont réussi à accrocher le podium voir mieux, Sainté reste inlassablement sur le carreau et visiblement, ce n’est pas cette année que ça va changer. Il n’y a qu’à voir nos résultats face au top 5 lors des années précédentes :
L’inlassable, l’inusable, l’incontournable 3-5-2 était encore au rendez-vous. Pas de changement dans la charnière, Debuchy retrouvait son côté droit avec Polomat comme pendant de l’autre côté. Le trio M’Vila-YAB-Cabella occupait le milieu de terrain, derrière Khazri et Hamouma, sensés être les fers de lance d’une attaque pleine de vitesse. Le plan de jeu était clair : jouer les contres et profiter de la lenteur de l’axe Marseillais pour se procurer des situations. On s’attendait ainsi à voir de la profondeur dans le jeu stéphanois.
Pourtant, le début de match vient totalement contredire ces prédictions. Les verts essaient de jouer assez haut et tiennent le ballon. C’est Marseille qui joue le contre et qui est même tout prêt d’ouvrir le score, Balotelli, servi idéalement dans l’axe, perdant son duel face à Ruffier. Une action symptomatique de la désorganisation totale de l’axe vert, les trois centraux étant attirés par le porteur de balle, personne ne se préoccupant de Balotelli, pas même Aït Bennasser et M’Vila, tout deux sur la même ligne, comme à leur habitude, sans ne servir à quoi que ce soit. Un 7 contre 4 duquel les Marseillais se sortent en deux passes.
Sainté continue de posséder le ballon mais n’en fait rien, ne trouvant aucun moyen d’accélérer le jeu dans les 30 derniers mètres. L’OM est patient, et va être récompensé. Corner frappé par Thauvin dans les 6 mètres, Ruffier ne sort pas, Perrin se fait marcher dessus et Balotelli inscrit un superbe but d’une reprise de volée en déséquilibre, bien aidé par le laxisme de verts déjà menés au bout de 12 minutes de jeu (1-0, 12ème)…
Pas de quoi se laisser abattre : ni une ni deux, Sainté continue sa promenade digestive, gardant le ballon pour ne rien en faire. Ah si en fait, pour ce qui sera le seul mouvement collectif cohérant de bout en bout, Cabella, trouvé dans l’axe (et entre les lignes !) par Polomat, joue sur Khazri côté droit qui, après s’être appuyé sur Debuchy, fait la différence balle au pied dans la surface phocéenne avant de centrer au cordeau pour Polomat, devancé in extremis par le retour décisif de Bouna Sarr.
Une balle d’égalisation manquée de peu et qui laissera des regrets aux hommes de Gasset, complètement désorganisés défensivement, laissant des boulevards absolument incroyables. Sanson casse toutes les lignes du bloc stéphanois en une passe, trouvant Ocampos qui provoque et frappe sur la main de Debuchy, décollée et absolument répréhensible. Pénalty logique, carton jaune beaucoup moins, Thauvin s’en charge et tue déjà le suspense (2-0, 21ème).
L’estocade est proche trois minutes plus tard lorsque Perrin, pourtant revenu à un niveau très correct lors des derniers matchs, réalise sa boulette conventionnelle, perdant le ballon aux dépens d’Ocampos qui sert un Florian Thauvin cette fois-ci maladroit.
La suite de la mi-temps est sans relief, Saint-Etienne ne parvenant plus à mettre le pied sur le ballon et à construire au-delà des 30 mètres adverses. Les Marseillais sortent bien sur le porteur, comprenant qu’au vu du peu de mouvement de leurs sparrings-partners, il leur sera impossible de créer le moindre décalage. A la mi-temps, les verts n’ont tiré que deux fois au but, ne trouvant le cadre à aucune reprise… Affligeant de tristesse.
La seconde mi-temps n’est guère plus réjouissante. Beric remplace Perrin, blessé et forfait face à Lille dimanche prochain (un de plus, un de moins…) on repasse à quatre derrière (alléluia !) mais rien ne change. Marseille gère tranquillement, les foréziens sont amorphes, se créant en tout et pour tout deux quart d’occasions que l’on ne prendra même pas le temps de mettre en évidence tant cela n’a aucun intérêt.
Aucune révolte, aucune volonté d’aller chercher quelque chose. Ça ronronne, ça joue doucement, ça ne bouge pas. Cabella fait du Cabella, Hamouma joue à cache-cache, Subo sort le déambulateur et Debuchy a encore mal à la cheville. Rien de plus à dire : le match était déjà terminé au bout de 20 minutes. On aurait ainsi largement pu s’épargner 70 minutes d’ennui et les investir dans quelque chose de plus enrichissant, genre un discours de Macron ou un reportage sur la reproduction des anguilles en Tchétchénie. Ouai ouai, c’était bien une purge, une de plus, et encore une défaite face à un « gros ». Et finalement, puisqu’il y a malgré tout une éclaircie au beau milieu de cette grisaille : Mohamed Henni n’a pas cassé de télé ce week-end.
On a aimé:
- La réaction de M’Vila qui ne s’est pas caché, et assumé la prestation indigeste des siens. Ça change un peu des discours édulcorés et bien pensants de notre capitaine.
- La banderole marseillaise de soutien envers les ultras nantais et à l’encontre de la LFP: « 16500€ pour un hommage rendu… Vous avez un porte-monnaie à la place du cœur… Honte à vous ! » . Tout est dit. Lors du dernier Nantes-Sainté chargé en émotion puisque disputé en marge de la disparition d’Emiliano Sala, les supporters Nantais ont eu le tort d’allumer des fumigènes. Sanction ou psychologie? La LFP a visiblement tranché en faveur du profit, alors même qu’elle a fait la part belle à cet hommage et, disons-le, bénéficié de celui-ci sur le plan de l’image. L’hypocrisie générale et aboutie d’un organisme qui se sert des images de tribunes en fusion pour réaliser ses campagnes de pub via ses diffuseurs.
On n’a pas aimé
- Le comportement de l’équipe : aucune révolte ni envie de revenir au score, un fatalisme absolument rédhibitoire dès le premier but marseillais: plus que le niveau technique, c’est le comportement général de l’équipe qui dérange le plus. Entre un Khazri qui rigole avec Paga à la mi-temps ou un Gasset qui expliquait après la rencontre « qu’on avait décidé de démarrer de manière prudente, pour essayer ensuite, si on tenait le choc, d’avoir un peu plus d’ambition », le manque d’ambition est criant pour une équipe qu’on considérait comme prétendante au podium il y a quelques semaines, après sa victoire face au même adversaire. Les dernières minutes ont été symptomatiques à ce niveau-là, laissant une équipe de Marseille gérer tranquillement son avance, sans être pourtant flamboyante.
- Les séries qui continuent : 40 ans sans victoire au Vélodrome, aucune victoire face au top 5 sur l’instant T (Marseille n’en faisait pas partie lors de notre victoire), aucune victoire le 3 mars (jour de mon anniversaire) : à Sainté on aime les séries, surtout quand elles sont négatives.
Les Tops
Aucun. Il apparaît impossible de détacher la prestation individuelle d’un seul de nos joueurs. Mention à Diony pour son entrée volontaire et à Khazri pour avoir été, comme bien trop souvent, le seul à créer un semblant de danger.
Les Flops
- Debuchy : Dépassé, souvent mal positionné (en témoigne l’action qui mène au penalty), aussi offensif que KTC dans ses grandes heures, il a été mangé dans l’agressivité et a en plus eu le culot de critiquer l’arbitrage qui n’a pourtant à souffrir d’aucune contestation, pour une fois. Et encore une sortie pour un problème physique.
- Perrin : Capitaine d’un bateau en plein naufrage, il représente tout le mal qui ronge l’ASSE dans les « gros » matchs: le complexe d’infériorité généralisé. Au fond, perdre à Marseille est logique au vu de la différence budgétaire, et puis il reste des matchs, on est à notre place, tout va bien dans le meilleur des mondes. Cet état d’esprit de gentil looser pèse et se ressent même aux niveaux tactique et technique. Il n’y a qu’à voir sa mollesse sur la balle de 3-0 de Thauvin ou sa naïveté (partagée) sur la première occasion du match.
- Cabella : » Parfois, je fais exprès de faire certains gestes juste pour taquiner Ghislain […] Quand je tente une passe aveugle ou un geste superflu, je sais qu’il va me crier dessus. Je le fais exprès, ça me régale. J’aime bien le voir un peu sur les nerfs. Je ne veux surtout pas changer, c’est comme ça que je me suis fait, comme ça que je suis. […] Quand je joue mon jeu, c’est là que je suis le plus épanoui. Je veux faire un peu ce que je veux, mais toujours pour l’équipe. » Tout est dit. Jul a en effet réalisé ce qu’il a voulu, de ses passements de jambe à ses arabesques spectaculaires, affichant toute la panoplie du joueur de city-stade. Ah mais on était au Vélodrome, pour un match de Ligue 1 ? Merde… Inutile tant individuellement que collectivement (du moins sur le terrain), et ce depuis trop longtemps. A quand Vada ou Chambost ?