Vicieux et manipulateurs, les titres racoleurs, ceux qui conduisent en majorité aux idées reçues et à la construction de l’opinion publique, fleurissent en ligne et à la télévision. Inévitablement, la défiance des citoyens progresse et ce qui devrait n’être qu’une simple formalité devient un débat national. Désintox se risque à piquer ceux qui participent à instrumentaliser la peur pour nourrir leur système déviant.

Un enjeu considérable de santé publique

Les médias, au même titre que les politiques, sont en première ligne pour convaincre (car il s’agit bien d’éduquer et de convaincre avec des arguments et beaucoup de pédagogie) du bien fondé du vaccin. Les politiques sortis du jeu en raison de leurs mensonges (souvenez-vous de la saga du masque avec la célèbre Sibeth Ndiaye en première ligne) et de leur porosité présumée avec les lobbies pharmaceutiques, les médias devraient naturellement endosser la lourde tâche d’informer en toute transparence et avec la rigueur que cela implique. Manqué. Alors, bien sûr, mon propos concerne la masse des grands médias sans rentrer dans le détail. Cela va de soi, plusieurs médias font très bien leur travail et il faut leur rendre justice. Mais l’essentiel des grands titres et des grandes chaînes pratiquent le même journalisme poubelle qui consiste à titrer de façon sensationnaliste pour doper l’audience et faire du clic.

Pire, le lieu par excellence du complotisme et de la crédulité, celui où chaque citoyen croit que son opinion compte, où il se sent à l’aise pour la dévoiler au monde entier, est utilisé dans son potentiel purement économique ; je veux parler des réseaux sociaux. Les médias ne se gênent pas pour choisir des titres et des amorces volontairement ambigus et tendancieux. Parfois, le contenu des articles est bien moins vicieux que son titre. Mais le mal est fait car, sur Facebook ou Twitter, là où le “scroll” est roi, c’est la première impression qui fait l’opinion et qui engage. Or, les médias ne craignent pas les titres racoleurs tant qu’ils s’y retrouvent : touchées, les audiences ne manquent pas de réagir, de commenter, de partager, favorisant l’algorithme et la portée de l’article. Ce dernier, automatiquement, est davantage cliqué : les revenus publicitaires augmentent. Et tant pis si le journalisme est sali et la science rabaissée.

La science déchue

Bafouée, la science est reléguée au rang de simple hypothèse tout au plus quand elle n’est pas traitée comme une vulgaire opinion. Scientifiques et citoyens lambdas se trouvent ainsi placés sur un piédestal, une tribune équivalente pour avancer leurs pions, sans considération aucune de leur bagage et du bien fondé de leurs arguments. Et c’est dangereux car il est bien plus rapide de dire une contre-vérité qui semble évidente que de prouver un fait établi par la science, démonstration et preuves à l’appui. En ce sens, l’opinion sera toujours plus convaincante de prime abord car elle joue, non pas sur la rationalité et les faits (prouvés et établis), mais sur la perception et l’émotion. L’opinion satisfait les instincts les plus primitifs de l’être humain car elle vient le complaire dans l’ignorance et l’erreur.

A cet endroit, il faut dire que les médias sont pleinement responsables de ce recul car ce sont eux qui, pour des raisons pécuniaires, ont réhabilité la primeur de l’opinion. Ils ont abîmé la science et l’ont rendue friable face au poids des sceptiques. Ils ont consacré la montée en puissance de ceux pour qui la science n’est rien qui ne soit établi et contaminé l’opinion publique. Et ils l’ont fait par complaisance car ils y trouvaient un intérêt économique, mais aussi par incompétence. Inutile de rappeler que la plupart des grands médias, et surtout les chaînes d’information en continu, ne disposent pas de journalistes scientifiques de haut niveau mais seulement de pseudos experts de tout, spécialistes en rien. Un jour, voici cet expert en épidémie, le lendemain le voilà devenu expert en terrorisme. Ce phénomène qui consiste à traiter de sujets qu’on ne maîtrise pas, c’est le philosophe et physicien Etienne Klein qui l’explique: l’ultracrépidarianisme, l’art de parler de ce qu’on ne connaît pas. Les chaînes d’information en continu, c’est aussi pour vous.

Informer, oui, manipuler, non

Le sujet mérite qu’on en traite la globalité avec pédagogie et transparence. C’est du rôle de la presse de mettre en évidence des faits, notamment des effets secondaires dûs aux vaccins. Mais c’est aussi de sa responsabilité d’expliquer, de rationaliser, de prendre de la hauteur et de rassurer lorsque les faits restent dans la norme. Et à ce stade, autant le dire : les vaccins sont sûrs, toutes les instances de contrôle les ont autorisés après un examen approfondi et ce que l’on appelle “effets indésirables’ concerne, dans l’immense majorité, des symptômes bénins et non pas des décès. Et pour couronner le tout, il y bien évidemment un rapport bénéfices risques nettement à l’avantage de la vaccination comme l’explique particulièrement bien Hervérifie :

Le paradoxe tient à ce que les médias contribuent eux-mêmes à créer de la défiance à l’égard des vaccins et à leur égard par extension. Accusés d’être des outils de propagande du système par les antivax, ils se sont en fait surtout cantonnés à être des fauteurs de trouble en traitant l’information de façon sensationnaliste. Ils ont contribué à médiatiser des faits divers en projetant une représentation considérablement amplifiée, au point de trahir leur réalité. Ainsi, le célèbre « putaclic » bien connu sur les réseaux sociaux ou le simple buzz recherché (et obtenu) a t-il muté en une manipulation de l’information. Aussi, le cas isolé est devenu le sujet principal, lorsque le cas général n’est quasiment jamais traité. A ce stade, il est assez amusant d’entendre des complotistes s’indigner que les médias soient complaisants avec les puissants, avec le système, avec Big Pharma, Bill Gates, les Illuminati et pourquoi pas Joe Biden car la vérité est plutôt que les médias servent la soupe aux premiers cités et cela pour une raison simple : ils sont naturellement crédules et parce qu’ils le sont, cela est bien tentant de leur parler pour faire du clic et de l’audience. Tout ceci est fort rentable. Et tant pis pour l’éthique et la déontologie de la presse et des médias. Ce qui compte, aujourd’hui, c’est mettre le feu aux poudres pour mieux sortir l’extincteur ensuite.

Le journalisme selon les pompiers pyromanes

Car ce sont les mêmes qui se scandalisent ensuite, sur les plateaux TV, de la montée de la défiance, du nombre grandissant d’antivax, de la progression inquiétante des pseudos sciences (dont l’homéopathie serait presque la face la plus inoffensive) et finalement du retour de certaines maladies que les vaccins, innovation colossale de l’histoire de l’humanité, avaient pourtant quasiment éradiquées. Pire, ils viendront ensuite pleurer sur leur sort en disant que les journalistes ne sont plus respectés, qu’ils sont victimes d’hommes politiques qui disent au peuple de les haïr, oubliant qu’ils y parviennent très bien tous seuls sans avoir besoin d’aide extérieure. Bref, ils font mal leur travail et se désolent d’en récolter les fruits.

Bien sûr, cela n’enlève rien à tout ce qu’on connaît déjà, ce dont chaque citoyen a parfaitement conscience : oui, les vaccins, comme le reste, sont des biens soumis aux lois du marché (considérés comme une marchandise comme une autre dans un système capitaliste déviant) ; oui, il y a des conflits d’intérêts, oui, les politiques mentent parfois, sont de mauvaise foi régulièrement, sont incompétents souvent ; oui, enfin, il y a des dérives autoritaires qui doivent nous interroger et sur lesquelles, sans doute, bon nombre de citoyens sont aussi très circonspects. Mais dire cela ne révolutionne pas l’étendue de nos connaissances. Au contraire, cela confirme que s’il y a bien des systèmes avec des enjeux économiques majeurs et une concurrence obscène, le complot mondial est impossible et ceci pour une raison des plus évidentes : tous les acteurs impliqués ne partagent pas des intérêts concordants, mais bien souvent concurrentiels qui impliquent qu’ils ne peuvent pas œuvrer dans un sens collectif contre la masse du peuple mondial. Non, tout ceci est absurde et il faudrait être sacrément demeuré pour penser le contraire, ou alors trop souvent branché sur CNews ? Alors, si vous pensez que la rationalité est à l’œuvre et que la science a permis le progrès de l’humanité, et que vous n’êtes pas médecin, éteignez votre télévision, quittez Facebook, gardez votre opinion dans votre proche et allez vous faire vacciner. C’est encore ce que chacun a à faire de mieux et Désintox pousse un cri du cœur au milieu du scepticisme ambiant.


Si vous voulez vous nourrir un peu de bonnes choses et aller plus loin que ma chronique, les recommandations du moment :

>> La Tronche en biais – Covid19 & vaccins – Entretien avec Odile LAUNAY : https://www.youtube.com/watch?v=xmGaLM6ltW8

>> La page Facebook de Hervérifie qui déclare “🧠 La santé est trop importante pour dépendre d’opinions, essayons de nous baser sur les faits 🩺” : https://www.facebook.com/HERVERIFIE

>> Hygiène mentale – Ep22 Sciences vs médias – Conférence par Florent Martin : https://www.youtube.com/watch?v=0ZqVkuh9Iz4 

>> Observatoire Zététique – Le Traitement Médiatique l’information Scientifique – Florent Martin : https://www.youtube.com/watch?v=z8W8CygtlzQ