23 janvier dernier. Un mois tout pile ou presque. Au terme d’un match désastreux et d’une prestation défensive abominable, Saint-Etienne concédait sa deuxième défaite à domicile en quatre jours, après la défaite dans le derby quelques jours plus tôt. Et quelle défaite : un retentissant 6-3, une performance tristement rentrée dans l’histoire, les Verts n’ayant plus concédé autant de buts dans un match à domicile depuis 66 ans. Un record dont on se serait bien passé dans une semaine qui a brisé l’élan Stéphanois : depuis cette défaite contre l’ennemi et la déroute Dijonaise, on n’a gagné qu’un seul de nos six derniers matchs et perdu trois de nos quatre derniers matchs à Geoffroy Guichard. Une semaine lourde de conséquence et qui se ressent au niveau du classement : notre avance a fondu comme neige au soleil forézien.
L’heure est à la réaction et à la prise de points. Si nous voulons garder nos ambitions intactes, il faut se mettre à gagner, notamment à l’extérieur où notre bilan est famélique : 2 victoires en 12 matchs, 11 points sur 36 possibles, et une différence de buts de -9. Si l’arbitrage y a joué, en toute objectivité, son rôle à plusieurs reprises, cela ne doit pas pour autant masquer les insuffisances vertes. Peu inspirés, souvent vides de caractère et de maîtrise, les hommes de Jean-Louis Gasset montrent un visage bien différent de celui auquel on a eu droit la plupart du temps à domicile.
Le DFCO est la proie parfaite pour ce faire. Le bilan du club de la chouette à domicile est du même acabit que le nôtre à l’extérieur : 11 petits points sur 33 possibles et la pire attaque avec 10 buts marqués. Le besoin de points est encore plus important pour les hommes d’Antoine Kombouare, qui viennent de basculer dans la zone rouge après leur défaite face à Nîmes. L’heure ne sera donc aux sentiments pour personne, car si les objectifs annuels sont différents – le maintien pour Dijon, l’Europe pour Sainté – l’objectif ponctuel sera le même : prendre 3 points.
Comment ça va jouer ?
La cascade de blessure que connaît l’effectif de Jean-Louis Gasset forcera l’ancien adjoint de Laurent Blanc à faire preuve d’inventivité. En effet, en plus de la grave blessure de KMP contractée face au PSG, Papy devra composer sans Debuchy, dont l’état de la cheville est vraiment inquiétant, mais également sans Vada, Salibur et Hamouma. Pas d’arrière droit de métier et une ligne d’attaque décimée : on devrait donc voir le droitier Gabriel Silva investir le côté droit et Pierre-Yves Polomat ou Timothée Kolodziejczak l’aile gauche de la défense. Pour le reste, du classique en perspective, dans un 3-5-2 controversé mais qui garde la confiance du staff Stéphanois. Robert Beric, fraîchement prolongé après un incroyable imbroglio dont seuls nos dirigeants ont le secret, devrait débuter la rencontre à la pointe de l’attaque, aux côtés de Wahbi Khazri.
Face à une équipe joueuse et efficace en contre tel qu’on a pu le voir lors du match de Coupe de France, on s’attend cependant à voir les coéquipiers de Loïc Perrin mettre du rythme et réaliser un pressing haut pour étouffer d’emblée des Dijonnais en proie au doute. Il faudra se monter directs et efficaces dans le jeu, en s’appuyant sur les qualités de passe de M’Vila et Aït Bennasser pour créer des décalages, et sur les qualités techniques de Cabella et Khazri pour faire la différence, si toutefois ces deux-là se décidaient à simplifier leur jeu. Attention cependant à garder un certain équilibre au milieu où nous serons probablement en infériorité si les efforts défensifs de Rémy Cabella s’avèrent insuffisants et si nos latéraux, sensés se trouver sur la même ligne voir un peu plus bas que nos milieux axiaux en phase de transition défensive, traînent eux aussi la patte. C’est exactement ce qui s’est passé lors de la déroute du mois dernier, où les espaces laissés béants par manque de rigueur tactique (et d’implication) ont permis à Naïm Sliti et ses coéquipiers de faire des différences sur chaque ballon.
Il faudra faire attention, par ailleurs, aux qualités techniques du compatriote de notre meilleur buteur. Triple passeur et triple buteur lors de ce fameux 6-3, l’international Tunisien s’était éclaté en profitant des aubaines offertes par l’arrière garde Stéphanoise. Sa faculté à accélérer le jeu, à se mettre ou à mettre ses coéquipiers en position idéale, peut faire des ravages. Attention également à l’instinct de buteur du capitaine Tavares, dont le rôle de pivot embête les défenses de Ligue 1 depuis plusieurs saisons désormais, et à la vitesse d’un Wesley Saïd irrégulier mais souvent bon contre nous. Enfin, le retour de Kwon, véritable maître à jouer des Bourguignons la saison dernière et blessé de longue date, devrait finir par faire beaucoup de bien à une équipe en mal de buts. On peut s’attendre à le voir débuter au sein d’un 11 à l’allure offensive.
Je me souviens… Dijon 1-2 ASSE, 17 décembre 2011
Tout juste promu en Ligue 1 pour la première fois de son histoire et auteur d’un début de saison plutôt encourageant après un baptême du feu très complique (défaite 1-5 à domicile face à Rennes), le DFCO défie Saint-Etienne pour la première fois de son histoire en championnat. Les verts, aux velléités Européennes encore voilées, ont beaucoup recruté à l’intersaison : Sinama-Pongolle, Gradel, Aubameyang, Nicolita et Kitambala sont venus garnir les rangs d’une ligne offensive qui a fière allure. Septièmes au coup d’envoi, les hommes de Christophe Galtier peuvent espérer la cinquième place en cas de succès, et par la même occasion se rapprocher du podium.
Les verts débutent bien ce match, prenant le jeu à leur compte et ne laissant aucun répit aux Dijonais. L’ouverture du score de Sinama-Pongolle à la 16ème minute sur un service d’Aubameyang est l’aboutissement logique de cette domination stéphanoise. Mais comme bien souvent, tel quel le veut la tradition verte, les coéquipiers de Sylvain Marchal, capitaine ce soir-là, se mettent à reculer et à plier sous les assauts bourguignons. Sans rompre, et en se mettant même à l’abri grâce à un but d’une autre recrue, Max-Alain Gradel, auteur de sa seconde réalisation sous le maillot vert dans le temps additionnel. Mais voilà, il eut été trop net de l’emporter de la sorte, sans bavure et sans se faire encore un peu plus peur, et c’est un pur produit de la formation Forézienne, Eric Bauthéac, qui vient réduire la marque dans l’ultime minute de ce match. Le score en restera là, permettant à Sainté de grimper à la cinquième place et de revenir à cinq points de Lille, troisième.
Ce qu’on veut voir :
- Des velléités offensives : à Rennes, les Verts avaient débuté le match avec une volonté perceptible de faire du jeu. Si nos plans ont été contrecarrés par quelques aléas (but encaissé sur un corner évitable, gros manqué de Subo, poteau de Diony et one man show de M. Hamel) et si la performance Stéphanoise n’a pas été parfaite, on ne peut reprocher à nos joueurs de ne pas avoir eu la maîtrise. On attend encore mieux, et plus de réussite, face à un adversaire à priori inférieur.
- Des points : alors qu’on parlait encore de LDC il y a quelques semaines, les espoirs de coupe aux grandes oreilles paraissent s’envoler match après match. Si l’on veut voir le rêve perdurer ou par défaut, grapiller une place Européenne, il faudra l’emporter afin de ne pas se laisser avaler par nos poursuivants.
- Les jeunes : Abi, Chambost, Saliba, Rocha Santos et Gueye sont du déplacement et certains d’entre eux pourraient avoir leur carte à jouer. Pour un club qui prétend vouloir jouer la carte de la formation il est important de faire confiance à sa pépinière. On espère donc les voir en action.
Ce que l’on ne veut pas voir :
- Un 5-3-2 plutôt qu’un 3-5-2 : les verts exploitent mal ce schéma tactique qui est indubitablement le plus complet dans le foot moderne, mais trop déséquilibré lorsqu’on le met en place. Entre des latéraux au repli insuffisant ou à l’apport offensif insuffisant, les problèmes d’alignement défensif ou l’infériorité numérique sur certaines phases de jeu, beaucoup de choses sont à revoir. Ce soir, on ne veut pas voir un 5-3-2 mais un ambitieux 3-5-2 cohérent, décomplexé mais sutout, organisé.
- De nouvelles blessures : l’effectif est déjà limité en étant au complet, n’allons pas nous tirer une balle supplémentaire dans un pied déjà bien gonflé.
Prono :
Le jour du rebond est arrivé. Dijon 1-2 Sainté.