Kiev, la mauvaise surprise
Un de nos derniers voyages Erasmus nous envoyait à Kiev en Mai dernier, occasion idéale pour nous de compléter notre petit tour des stades de l’Est. Avec la réputation du Dynamo Kiev nous nous attendions à une grosse ambiance et du beau jeu, et pourtant dans les deux cas il faudra repasser…
Le Dynamo Kiev est l’un des clubs les plus historiques d’Europe de l’Est : c’est d’abord le seul qui a tenu tête aux clubs de Moscou sous l’URSS en s’adjugeant pas moins de 13 titres, représentant d’ailleurs le record. Ses nombreuses participations sur la scène Européenne ont contribué à le faire connaître dans toute l’Europe. Le palmarès en est d’ailleurs la trace puisque le Dynamo Kiev s’est imposé à deux reprises Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupe et une fois en Supercoupe de l’UEFA dans les années 70-80, qui marquaient d’ailleurs l’apogée du club. En France, son nom est souvent associé à celui de Saint-Etienne, car les Verts ont réussi face à Kiev l’un des plus grands exploits de leur histoire : en 1976, Kiev qui était l’un des plus grands clubs européens s’imposait 2-0 au match aller des quart des finales de ce qu’est aujourd’hui la Ligue des Champions, avant que les Verts ne retournent la situation dans leur Chaudron magique en s’imposant 3-0. La suite on la connait, avec ces fameux poteaux-carrés.
Sur la scène nationale, le Dynamo Kiev assoit sa domination avec 15 titres de Champions d’Ukraine même si le Shakhtar a de plus en plus de répondant ces dernières années en remportant 12 titres de champions glanés, en seulement 17 ans !
Ce n’est pas pour rien que le Dynamo évolue dans le stade Olympique de Kiev car pour les grandes affiches notamment européennes, les 70 000 billets peuvent tous trouver preneur et vite. Néanmoins, ce ne fut pas le cas lors notre venue…
En effet, le stade Olympique de Kiev sonnait bien creux en ce samedi après-midi. Pouvant contenir plus de 70000 personnes, celui-ci n’était même pas rempli au tiers. De plus, à l’inverse des autres stades que l’on a pu faire en Europe cette saison, les Ultras n’occupaient pas une tribune entière mais seulement une parcelle de tribune. Peu nombreux, ceux-ci arrivaient tout de même à se faire entendre durant toute la rencontre en formant un bloc compact. Cependant, l’ambiance restait bien pauvre. Les visiteurs avaient quant à eux fait le déplacement à une dizaine, n’altérant donc que très peu l’affluence déjà extrêmement faible du reste du stade.
Finalement, les animations les plus conséquentes se trouvaient à l’extérieur du stade avec une série de jeux publicitaires afin de faire gagner des produits. Tout le spectacle que l’on n’aime pas voir lors de rencontres de football donc.
Nul doute que la situation du Dynamo a joué sur la faible ambiance : effectivement, à cette époque le Dynamo était 2ème, mais il lui était quasiment impossible de rattraper le Shakhtar pour aller décrocher son 16ème titre de champion d’Ukraine. Pour réellement se faire une idée de l’ambiance que peut accueillir ce stade, il faudrait dans l’idéal assister à un match à enjeu face au Shakhtar ou à match de Coupe d’Europe. L’ASSE et Guingamp avaient d’ailleurs évolué dans ce stade pour y affronter le Dnipro, évènement qui avait tourné au tragique pour les supporters des Verts qui avaient été victime d’un guet-apens armé aux allures de règlement de compte politique en marge de la rencontre.
Parce que oui, les supporters Ukrainiens sont pour la plupart très nationalistes, certains supporters du Dynamo se font d’ailleurs davantage connaître pas leur bêtise que par l’atmosphère qu’ils peuvent faire régner dans leur enceinte : en effet en 2017, face au Shakhtar certains s’étaient vêtus de manière typique KKK (Ku Klux Klan) en arborant en plus, fièrement, une banderole « 100% blanc » et quelques croix gammées comme le relataient nos confrères de La Grinta.
Bien heureusement, cela ne concernait qu’une poignée de supporters, et quand les Ultras de Kiev le veulent, et que l’affiche s’y prête l’ambiance peut se rapprocher de ce que l’on a pu voir dans d’autres stades d’Europe de l’Est :
Le bilan de nos différentes expériences :
Pas grand-chose de plus à dire sur notre escale à Kiev, comme pour Berlin nous allons dire que nous sommes mal tombés et que pour se rendre réellement compte de ce que peut donner l’ambiance là-bas, il faudra repasser.
Si l’on devait conclure en comparant ce que l’on a pu connaître en Europe de l’Est à ce que l’on peut voir en France, il y a à la fois des similitudes mais aussi de grandes différences. Concernant les similitudes, on y retrouve les Ultras. Dans tous les stades que nous avons pu faire, ceux-ci étaient présents et faisaient partie intégrante de l’ambiance qui nous était proposée. Souvent en disposant d’une tribune entière, ceux-ci poussaient leur équipe du début à la fin du match sans relâche et en ce point nous retrouvions globalement ce que nous connaissions en France à quelques différences près : l’ambiance qu’on a pu voir à Varsovie, peu ou pas de supporters ne peuvent se vanter d’en avoir vu une similaire en France. Du côté des animations visuelles, la pyrotechnie est également bien présente, surtout en Pologne ce qui n’a rien d’étonnant lorsque l’on s’intéresse un tant soit peu au mouvement Ultras. Côté déplacement, là est pour nous la plus grande leçon à tirer : cela concerne surtout l’Allemagne où l’on a pu voir les supporters de Leipzig très nombreux et très actifs durant toute la rencontre à Berlin, chose que l’on n’a pas franchement l’habitude de voir en France. La leçon est surtout à tirer pour nos autorités qui interdisent ou limitent sans cesse les déplacements en France, un exemple de gestion de supporters se trouve pourtant à côté, juste un petit peu plus à l’Est. On ne peut pas non plus dire que les déplacements représentent une vraie différence de supportérisme, l’Allemagne serait d’ailleurs plus l’exception puisqu’en Pologne par exemple, les déplacements étaient souvent interdits. La plus grande différence se trouve dans la manière de supporter : dans la plupart des cas en Europe de l’Est, une seule tribune chante durant toute la rencontre alors qu’en France il est fréquent de voir deux Kops se faire face. Mais dans des stades comme celui du Wisla ou encore du Legia, chaque personne se trouvant dans la tribune chante pendant 90 minutes ce qui n’est pas forcément le cas en France et ce qui ne l’est absolument pas dans la plupart des stades français d’ailleurs.
En définitive, de ce que nous avons pu voir, nous n’avons rien à envier à la plupart des stades que nous avons pu fréquenter, même à certain qui sont pourtant dans l’imaginatif de tout le monde, de véritables lieux saints du supportérisme (on pense notamment à Dortmund). Néanmoins, quand l’on parle d’ambiance comme celle du Legia, nous ne pouvons que nous incliner et nous dire que nous avons un temps de retard.
Enfin, comme on vous l’a toujours rappelé, nos études n’ont rien de parfaitement exhaustif et pour l’être certains lieux se doivent d’être visités : on pense notamment à la Serbie et à sa capitale Belgrade ou encore plus généralement à la Grèce !