Une capitale en trompe-l’œil

Si vous êtes fidèles, vous connaissez désormais très bien un club de football évoluant à Berlin, l’Union Berlin dont on a retracé il y a quelques semaines l’itinéraire atypique qui l’a mené pour la première fois de son histoire en Bundesliga cette saison. Aujourd’hui, on va vous parler du Hertha Berlin, autre club de la capitale allemande, fondé en 1892 et évoluant dans le mythique stade Olympique de Berlin. Mythique du fait de son histoire extra-sportive d’abord, quand il accueillait en 1936 les Jeux Olympiques qui avaient surtout permis à l’époque au régime nazi de renforcer sa propagande ; mais aussi du fait de son histoire sportive pour nous français, c’est le stade qui aura vu le dernier match de notre Zizou national nous offrant d’ailleurs un dernier coup de génie avec une panenka venue d’ailleurs avant de finir par un autre coup, beaucoup moins génial celui-ci. Le Hertha se retrouve quant à lui plus souvent au plus haut niveau national que son voisin de l’Union, sans que son palmarès ne soit très garni : seulement 2 championnats d’Allemagne, 3 petites finales de Coupe et pas bien plus pour le club de la Capitale.

La capacité du stade étant de 75000 personnes, rempli environ des 2/3 lors de notre venue, en plus du classement du Hertha à l’époque (4ème), nous pouvions espérer une chaude ambiance. Néanmoins, tout ne s’est pas passé comme on l’attendait…

C’est ce qu’on appelle la poisse ! A peine entrés dans l’antre que nous vous décrivions, nous apprenons que les Ultras locaux effectuent une grève des animations pour protester contre certaines décisions de leur direction à la suite d’incidents impliquant la police à Dortmund. Heureusement pour nous, les visiteurs du Red Bull Leipzig sont chauds et nombreux pour ce déplacement dans la capitale Allemande. A base de chorégraphies inventives et d’une belle puissance vocale, les supporters du club le plus détesté d’Allemagne ont réussi à pousser les leurs à une nette victoire (0-3).

On va pas se plaindre non plus, on a pu assister à ce genre de chorégraphies pendant 90 minutes et ce à 25 mètres de nous !

Quand l’on vous disait que nos expériences étaient « trop pauvres » pour vous proposer un article exhaustif, cela prend encore plus de sens quand les Ultras locaux sont en grève. Dur aura donc été de se faire une idée des supporters du Hertha Berlin, mais sur ceux de Leipzig nous pouvons d’ores et déjà vous dire qu’ils sont très chauds en déplacement. Venus nombreux profitant notamment de la petite distance séparant les deux villes (environ 2 heures de routes) mais également d’autorités plus intelligentes que celles de leur voisin de l’Ouest, ceux-ci se sont fait entendre durant toute la rencontre comblant le vide laissé par leurs homologues berlinois.

Pas grand-chose de plus à vous dire quant à l’ambiance. Une des choses qui nous a marqué à Berlin est l’organisation sécuritaire : que ce soit aux abords du stade ou à l’intérieur même de l’enceinte, il est possible de faire le tour du stade comme nos pères le faisaient à Geoffroy-Guichard il y a quelques dizaines d’années. De ce fait, nous avons pu nous rendre au plus près des Ultras du Hertha puis de ceux de Leipzig sans passé par un seul contrôle de sécurité. Le fait qu’aucune réelle rivalité n’existe entre les deux clubs en est certainement la raison, même si l’on sait que Leipzig est en Allemagne, ce qu’est l’Olympique Lyonnais chez nous…

Le contexte :

Comme nous vous le disions, la grève des Ultras locaux était due à la réaction de la direction du Hertha après les incidents impliquant ces mêmes Ultras à la police la semaine précédente à Dortmund. Selon plusieurs sources bien renseignées dans le milieu, les incidents seraient partis de l’arrivée de la police dans le secteur visiteur pour essayer de se saisir de la banderole des fans berlinois utilisée pendant un show pyrotechnique. Pour tous ceux qui connaissent un tant soit peu le mouvement Ultras, tout ce qui touche aux banderoles est sacré. La police l’a appris à ses dépens quand des dizaines de supporters du Hertha ont commencé à aller à l’affrontement pour conserver leur bien. La semaine suivante, ces incidents ont renforcé les querelles déjà existantes entre le club et ses supporters, ceux-ci ont donc décidé de faire grève en faisant passé un message on ne peut plus clair et bien imprégné par la Ultras touch : « Nous n’avons pas besoin de vous ».

La scène semble bien fidèle à nos propos

Le bilan :

Bien difficile de se faire une véritable idée de l’atmosphère qui peut régner dans les tribunes de ce mythique stade Olympique de Berlin du fait de la grève des animations effectuée par les Ultras locaux. Néanmoins tout n’est pas à jeter dans cette expérience, au contraire c’est bien celle-ci qui nous a montré le fossé qui existe entre une partie des tribunes françaises et celles allemandes : les déplacements notamment. Quand l’on voit le nombre et l’attitude des supporters de Leipzig à Berlin, on se dit qu’en France mis à part Saint-Etienne, Marseille ou encore Lens, très peu de supporters sont capables de ce genre de performance. Et pourtant, les supporters de Leipzig sont loin de représenter  l’ambiance la plus chaude d’Allemagne. De plus, le comportement des autorités à leur égard devrait être une source d’inspiration pour les nôtres qui continuent semaines après semaines à s’enfermer dans des interdictions et restrictions plutôt que de privilégier le débat. Le dernier épisode nous emmènera une nouvelle fois dans un stade Olympique, d’à peu près la même capacité, mais en Ukraine cette fois-ci !

Et comme toujours, pour les plus « fans », voici une compilation de ce que nous n’avons malheureusement pas pu voir à Berlin !