Plus la date fatidique de 2050 approche, plus les mesures en faveur d’une transition écologique mondiale vers la neutralité carbone semblent pleuvoir davantage. Face à un agenda écologique chargé, il est légitime de se demander si de telles mesures ont le temps d’être adoptées ainsi que de vouloir savoir si elles seront efficaces.

En l’espace de moins d’une semaine, la question écologique est revenue au centre de la table en France avec un nouveau cap qui se dessine. Vendredi 11 décembre, l’Union européenne s’engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55 % d’ici 2030. Samedi 12, un sommet virtuel est organisé à l’occasion des 5 ans des accords de Paris pour rediscuter des engagements et de l’objectif de réduire le réchauffement planétaire à 1,5°C. Lundi 14, Emmanuel Macron s’engage à organiser un référendum sur l’inscription de la défense du climat et la préservation de l’environnement dans l’Article 1 de la Constitution, devant les membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC).

On se pose forcément la question de la faisabilité de tout cela et de la manière dont ces mesures auront une influence dans nos vies. Est-ce qu’elles seront suffisantes pour passer sous la barre des 2°C d’ici 2100 ? Ces questions ont été posées à un activiste écologique et (sans surprise) ses réponses montrent que les gouvernements sont encore trop en deçà face à l’ampleur de la catastrophe climatique.

Des actions insuffisantes

« Les décisions prises depuis une décennie sont tempérées, comme s’il y avait le temps encore de pouvoir faire une transition tranquillement alors que l’urgence est folle, démentielle et au-delà de notre contrôle. », explique Paul*, surnommé ‘’Chien Ouf’’, 26 ans et membre du mouvement écologiste Extinction Rebellion à Saint-Etienne depuis 1 an et demi.

Pour cet activiste engagé depuis trois ans dans la lutte contre le réchauffement climatique, comme pour beaucoup d’autres mouvements écologistes, à l’instar de Youth for climate (né des Fridays for Future lancé par Greta Thunberg), les Etats ne s’engagent pas assez pour faire changer les choses radicalement. Les mesures, jugées faibles, se montrent inefficaces dans le temps court comme le montre l’augmentation record de 2,6 % en 2019 des émissions de GES par rapport à l’année 2018.

Ce sont aussi deux siècles et demi de pollution atmosphérique dont il faut changer la tendance en 30 ans avant que cela soit irréversible. Pour répondre à l’urgence de la situation, le jeune activiste stéphanois pense que c’est aux gouvernants de faire en sorte que cela change rapidement à travers la législation entre autres : « Lorsqu’on est régi par des lois, on fait en sorte de les suivre. On fait en sorte que ça marche quand on nous y oblige. ». Encore faut-il que les lois aient un impact.

L’engagement citoyen, un tremplin pour de vrais changements ?

La pandémie de coronavirus a mis en lumière la responsabilité de nos trains de vies qui favorisent la pollution. Notre quotidien a été à l’arrêt avec les confinements et cela a permis à notre Terre de respirer quelque peu, avec une baisse inédite des émissions de CO2 de 6,8 % en 2020, relevée par le consortium de scientifiques Global Carbon Project.

Paul ne peut cependant s’empêcher d’être pessimiste face à cette baisse qui n’est que « temporaire ». Il explique que la conscience citoyenne est habituée au confort de vie qui permet « d’acheter n’importe quoi, quand on veut et où on veut » sans avoir à se soucier de l’impact environnemental.

La solution ne se trouverait pas dans la mise en place d’une Convention citoyenne pour le climat qui n’est que « de l’esbroufe, du marketing afin de flatter l’ego des citoyens » là où des scientifiques qualifiés dans l’anthropocène donnent déjà toutes les clés de résolutions. Paul propose des moyens de mettre le citoyen à contribution de manière efficiente à travers des actions locales comme la permaculture, qu’il ne trouve pas assez couvertes médiatiquement en comparaison à des actions « greenwashing » de grandes entreprises.

« Dans un monde merveilleux, le gouvernement taxerait les ultras riches, les entreprises écocides, et les détaxerait quand il y a des actions véritables en faveur de l’environnement. Cet argent pourrait être réinjecté dans la lutte contre le réchauffement climatique. » Paul ajoute toutefois que si les mouvements écologistes devaient proposer des actions au gouvernement, celles-ci iront forcément à l’encontre du modèle capitaliste que défend l’Etat.

Les gouvernements tentent, à son avis, d’adapter des mesures écologistes à ce modèle plutôt que d’adapter notre société à l’urgence de la situation. Au fond, c’est tout un système qu’il faut repenser. Et alors que le monde se dirige vers une augmentation de la température de 3 °C d’ici la fin du siècle – selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement – un conseil : commencez la permaculture dès à présent !

*prénom modifié