« Appie » va mieux

Dans le contexte actuel, toute bonne nouvelle est bonne à prendre et celle-ci a réjoui le monde du football dans sa totalité. C’est par l’intermédiaire de son frère, Abderrahim Nouri, que l’espoir est revenu pour tous les passionnés de football qui avaient été abasourdis par les images du 8 Juillet 2017. Dans une émission néerlandaise diffusée fin Mars, ce dernier a donné des nouvelles plutôt réjouissantes concernant son petit frère : « Il est réveillé, il dort, il mange, mais il ne sort pas du lit. Dans les bons moments, il y a une forme de communication, puis il bouge les sourcils. Il ne peut tout simplement pas le garder longtemps, cela semble être le sport de haut niveau pour lui. Appie sait où il se trouve. C’est bien pour lui qu’il soit dans un environnement familier avec sa famille. Nous lui parlons, on l’intègre dans les conversations et on regarde le football avec lui ». Bien évidemment le combat ne fait que commencer et Abderrahim a d’ailleurs tenu à préciser qu’Abdelhak Nouri ne pouvait toujours pas se lever de son lit, et restait donc dépendant de sa famille. Néanmoins, la nouvelle en a ravi plus d’un, notamment ceux qui ont pu le côtoyer de près, comme son ex-coéquipier Frenkie De Jong, désormais joueur du FC Barcelone, qui a profité de la bonne nouvelle pour raconter une jolie anecdote concernant Nouri : « Quand je devais encore choisir mon prochain club, j’étais dans le doute. Je suis allé voir Appie et sa mère lui a demandé : « Mon fils, où Frenkie doit-il aller ? » Quand elle a mentionné Barcelone, il a haussé un sourcil. C’était un beau moment ».

Si les paroles du frère d’Abdelhak Nouri donnent autant d’espoir, c’est parce qu’un peu moins de trois ans auparavant, le numéro 34 de l’Ajax, immense espoir du football néerlandais, échappait de peu à la mort.

Maudit 8 juillet 2017

Ce jour-là, Abdelhak Nouri, que beaucoup de spécialistes du ballon rond définissent comme la future pépite ajacide et dont certains osent même la comparaison avec un certain Johan Cruyff, est titularisé dans le milieu de terrain de l’Ajax pour un match de préparation face aux Allemands du Werder Brême. À la 72ème minute, le jeune joueur s’écroule sur le terrain, et l’inquiétude grandit minute après minute. Le match est arrêté et le joueur est transporté de toute urgence à l’hôpital par hélicoptère où il évitera la mort de peu mais pas les graves séquelles, notamment cérébrales dues à l’arrêt cardiaque dont il fut victime ce jour-là. La scène reste indélébile dans la mémoire de ses coéquipiers de l’époque, en témoignent d’ailleurs les paroles de son coéquipier marocain Noussair Mezraoui :  « Je jouais à gauche dans le même côté qu’Abdelhak et j’ai vu qu’il s’était effondré. J’ai couru vers lui, pensant qu’il s’agissait de sa cheville. Je lui ai demandé : “Appie, est-ce que ça va?” Il ne donnait aucune réponse. Je pensais que c’était à cause de la chaleur. J’ai pris sa main et j’ai à nouveau demandé s’il allait bien. Il ne donnait à nouveau aucune réponse. J’en ai des frissons rien qu’à en parler. Il me regardait droit dans les yeux et je remarquais la peur à travers de ses yeux. C’était comme s’il essayait de me parler mais qu’il n’y arrivait pas. Sa bouche et sa langue bougeaient mais sa mâchoire était bloquée. Chez nous, les musulmans, quand on pense mourir, on cite une phrase typique. Avec Abdelhak devant moi, avec la vocalisation des ‘l’ répétés, j’ai remarqué qu’il citait : La ilaha illa Allah. À ce moment, j’ai su que rien n’allait ».

Donny van de Beek, l’un des héros de la campagne Européenne du club néerlandais durant la saison 2018-2019, éprouve tout autant de difficulté à parler de son ex-coéquipier : « C’était difficile et très spécial de parler d’Appie avec la famille Nouri (…) Revoir ses photos est encore intense pour moi mais en même temps, elles me font sourire. Je suis heureux d’avoir joué avec lui et je chéris notre amitié ».

L’Ajax assume ses responsabilités

Le staff médical du club néerlandais s’est vite retrouvé sous le feu des projecteurs après le terrible drame, puisque le club était au courant des antécédents cardiaques d’Abdelhak Nouri. Le traitement qui lui avait été administré a d’ailleurs été mis en cause. La légende de Manchester United, Edwin van der Sar, alors devenu directeur exécutif de l’Ajax Amsterdam l’avait déclaré inapproprié presque un an après le terrible accident, à la suite de la poursuite judiciaire de l’affaire.

Peu de temps après les révélations réjouissantes d’Abderrahim Nouri concernant son petit frère, l’Ajax a décidé de rompre le contrat du joueur qui devait être tacitement renouvelé en juillet 2020, tout en continuant d’assurer une aide à sa famille et cela, des discussions sont toujours en cours avec la famille Nouri pour en déterminer les tenants et aboutissants.

Il faut dire que le jeune Nouri était un amoureux du club Ajacide, en témoigne d’ailleurs son choix de numéro fin 2016 : « 34, comme le nombre de titres d’Eredivisie qu’on doit avoir à la fin de la saison ».

En images : l'immense hommage des supporters de l'Ajax pour ...
Nombreux furent les hommages pour l’espoir d’une ville mais aussi de tout un pays

En plus de mettre sa personnalité de footballeur au diapason du collectif, il rêvait d’un beau parcours en Ligue des Champions avec le club néerlandais, il n’aura malheureusement pas eu l’occasion d’être de la partie la saison dernière mais pour Donny van de Beek, il ne fut certainement pas étranger à son but égalisateur face à la Juve de Cristiano Ronaldo, à la 34ème minute de jeu.

Pour ceux qui pensent qu’on en fait trop pour un joueur qu’on n’a malheureusement pas assez vu évoluer au plus haut niveau, on répondra simplement par ce petit florilège d’actions où le petit lutin de l’Ajax mêlait la classe d’un Iniesta à la magie d’un Guti.