Assassinat à la cour en 1588

Contexte

En 1588, la France est coupée en deux depuis plus de vingt ans par les guerres de religion entre protestants et catholiques. C’est dans le contexte du huitième de ces conflits civils qu’a eu lieu l’une des intrigues de palais les plus marquantes de l’histoire du royaume : l’assassinat du Duc Henri Ier de Guise, le 23 Décembre 1588.

La huitième guerre de religion débute lorsque l’édit de Nemours (1585) interdit le protestantisme en France. Dans ce contexte difficile a lieu un conflit dynastique que l’on a appelé la « Guerre des Trois Henri », à savoir Henri III (roi de France), Henri Ier (duc de Guise et chef de la Ligue Catholique) et Henri de Navarre (protestant).

Le Duc de Guise, qui dirige la Ligue Catholique, est de plus en plus influent à la cour en tant que grand maître et pair de France. Fervent défenseur du catholicisme, il remporte de nombreuses victoires sur les protestants et est partie prenante de l’Edit d’Union en mai 1588 : le roi de France a désormais pour devoir de combattre le protestantisme tandis qu’aucun protestant ne pourra lui succéder.

Il demeure un problème, la famille de Valois étant sans héritier depuis 1584 ! La généalogie impliquait que le trône de France devait logiquement revenir à la branche cousine de la famille (les Bourbons) via Henri III de Navarre, protestant et désormais non grata a la cour de France.

Les États Généraux de 1588

L’Édit d’Union consacrait également l’irrésistible ascension du Duc de Guise car il devenait Lieutenant-Général des armées du royaume de France. Malgré son soutien au catholicisme et le rapprochement de la Ligue Catholique avec la monarchie, le roi de France vit en lui un rival.

Il le convoque ainsi aux États Généraux, qui se tiennent au Château de Blois, entre 1588-1589. C’est donc le 23 Décembre 1588, qu’Henri de Guise est convoqué dans le cabinet vieux du Roi. Henri de Guise, pensant vraisemblablement à une promotion au titre de connétable (plus haut grade de l’armée française), tombe dans le piège que lui tend le roi.

L’assassinat du Duc de Guise au château de Blois en 1588 – Tableau de Paul Delaroche (1834), Musée Condé

Il est attaqué en traversant la chambre du roi par huit gardes royaux (membres des quarante-cinq) qui se ruent sur lui et lui assènent plus de trente coups d’épées et de dagues, malgré ses ripostes (4 gardes furent blessés). Le Duc de Guise était mort.

Il est plus grand mort que vivant

Réflexion attribuée au roi Henri III

Lorsque le roi vint au cadavre de cet homme charismatique du royaume, la légende populaire raconte qu’il aurait fait une déclaration célèbre : « il est plus grand mort que vivant ».

Ironiquement, le roi Henri III connaîtra un an après le même sort que le Duc de Guise puisqu’il sera assassiné par le moine Jacques Clément. Henri de Navarre lui succèdera et deviendra Henri IV : la dynastie des Bourbons montait sur le trône de France.

1847 : reddition d’Abdelkader

Le 23 Décembre 1847 est un évènement marquant dans l’histoire du XIX° siècle et de la colonisation française de l’Algérie. En effet, c’est ce jour-là qu’Abdelkader ibn Muhieddine, appelé plus couramment Emir Abdelkader, signa sa reddition contre les troupes françaises en Algérie.

Un chef éclairé

Chef religieux et militaire, il dirige la dernière résistance organisée contre la présence française en Algérie. En effet, les années 1830 marque pour lui une ascension tant sur le plan religieux que politique. Élu émir en 1832, il unifie les tribus de la Province d’Oran et parvient à résister efficacement aux troupes françaises (alors l’une des armées les plus modernes du monde), ayant notamment recours à une politique de raids punitifs.

En 1834, le général Louis Alexis Desmichels (au nom, vous vous doutez sûrement qu’il est français) signe un traité avec Abdelkader lui reconnaissant autorité sur la quasi-totalité de la Province d’Oran. Les aléas des décisions politiques prises depuis Paris relancent les hostilités. Après de nombreuses batailles victorieuses pour les deux camps (celles de Macta et de la Sikkak entre autres), un nouveau traité de paix est signé en 1837 (le traité de la Tafna) avec le Général Bugeaud, qui consacre encore plus de pouvoir à Abdelkader, tant et si bien que l’on parle de l’Etat d’Abdelkader, une entité politique qui perdura jusqu’en 1847 comme contre-pied au pouvoir français établi à Alger depuis 1830.

Carte de l’État d’Abdelkader entre 1836 et 1839

En 1839, la guerre redémarre à la suite de l’expédition française dite des Portes de Fer menée par le fils de Louis-Philippe, roi des Français. Tout en construisant son état, Abdelkader continue la lutte par la guérilla remporte de nombreuses batailles tactiques sur la France, notamment avec l’appui du Maroc. Il se démarque également par son respect des les Droits de l’Homme.

Reddition

Malgré sa victoire à Sidi Brahim en septembre 1845, il sera contraint de se rendre à cause de la victoire française au Maroc et de son échec à unifier les tribus de la frontière algéro-marocaine. Privé de puissants soutiens, il se rend le 21 Décembre 1847 au Général Louis Juchault de Lamoricière. A condition de n’être pas fait prisonnier et de pouvoir se rendre à Alexandrie ou à St-Jean d’Acre, il accepte sa reddition qui a lieu officiellement le 23 Décembre.

Les termes de sa reddition ne seront pas respectés puisque la France subit en interne de nouveaux troubles politiques avec la chute du roi Louis-Philippe en 1848. Abdelkader sera donc emprisonné en France pendant 5 ans, notamment au château d’Amboise, ce qui permit au peintre Ange Tissier de le représenter en 1852.

L’Emir Abdelkader, peint par Ange Tissier en 1852, Musée des Beaux Arts

L’Algérie de son côté, privée de résistance organisée, restera sous domination française durant 115 ans. Les Accords d’Evian de 1962 mettent un terme à la Guerre d’Algérie ainsi qu’à la colonisation française de ce pays. Une période encore ancrée dans beaucoup de mémoires…

Merci d’avoir lu, j’espère que ce dernier focus de l’année vous aura plus. Passez de bonnes fêtes et rendez-vous en janvier pour de nouveaux articles historiques !