Un des championnats les plus jeunes d’Europe

La Vycheïchaïa Liha, créée en 1992 après l’explosion de l’URSS, fête cette année ses 28 ans. À défaut d’avoir acquis une certaine maturité, la Ligue Biélorusse et le gouvernement du pays jouent aujourd’hui davantage d’inconscience en maintenant son championnat malgré l’épidémie du Coronavirus.

Pour présenter brièvement le football biélorusse, il est surdominé depuis maintenant plus de 15 années par le BATE Borisov qui compte 15 titres de Champion, soit plus de la moitié des saisons disputées dans toute l’Histoire. De 2004 à 2018, le club que l’on retrouve fréquemment dans les compétitions européennes telles que l’Europa League et parfois même en Champions League, s’est payé le luxe d’enchaîner 14 titres consécutifs, ce qui constitue bien évidemment le record.

Néanmoins, la saison dernière a fait office de coup de tonnerre dans ce pays de l’Est européen : le Dynamo Brest a mis fin à l’hégémonie du BATE en remportant son premier titre de champion. Il faut dire que l’homonyme du club breton en France a fait les choses bien depuis quelques années en misant notamment grandement sur la formation comme nous le raconte notre confrère footballski spécialisé dans le football des pays de l’Est. Le Dynamo Brest peut compter selon les spécialistes, sur les meilleurs supporters du pays, ainsi que de la meilleure affluence la saison dernière, ce qui constitue une plus-value non négligeable dans un pays où les stades dépassant les 10 000 places de capacité se font rares.

Cependant, le match à ne pas rater le week-end dernier ne concernait en rien ces deux clubs puisque le Derby de Minsk était au programme ! Il ne fallait d’ailleurs pas arriver en retard puisque le FC Minsk prit l’avantage dès la première minute, avant de doubler puis tripler la mise avant la pause. La Dinamo réagit en seconde mi-temps en revenant à 3-2 à 10 minutes de la fin malgré une infériorité numérique. Mais il était déjà trop tard, le FC Minsk s’est donc imposé pour caracoler désormais en tête du classement. Le spectacle proposé dans ce derby reste légèrement trompe-l’œil par rapport à la globalité de ce championnat biélorusse puisque sur 16 matchs disputés depuis le début de la saison, 8 d’entre eux (soit la moitié) se sont terminés par un 1-0.

Une « résistance » polémique

Certes le championnat biélorusse n’est peut-être pas celui qui fait le plus rêver sur le papier mais cela ne lui empêche pas d’avoir sorti quelques grands joueurs. Le plus connu reste certainement Alexander Hleb : il a notamment porté les couleurs d’Arsenal pendant 4 saisons, lui permettant d’être finaliste de la Ligue des Champions en 2006 et vainqueur de la Coupe de la Ligue un an plus tard.

En 2008, il rejoint le Barça et ce, pour quatre saisons : il aura notamment eu le privilège de soulever la Coupe aux Grandes Oreilles mais aussi de remporter un titre de Champion d’Espagne et une Coupe d’Espagne, le tout lors de la même année (2009). Alors évidemment quand tu as des joueurs comme Busquets, Iniesta ou Xavi qui évoluent au même poste que toi, tout devient plus compliqué pour s’imposer, néanmoins cela ne le privait pas de faire quelques piges dans l’entrejeu catalan. Si l’on vous parle autant de Hleb, c’est bien évidemment pour souligner sa très belle carrière footballistique, ce qui fait de lui un pionnier dans son pays, mais aussi car il est récemment monté au créneau pour dénoncer la situation, presque surréaliste qui gagne actuellement la Biélorussie : « Le coronavirus a fait suspendre la Ligue des Champions et la Ligue Europa. C’est une bonne décision car il faut essayer d’arrêter le virus. L’UEFA a fait ce qu’il fallait. Mais en Biélorussie, c’est comme si tout le monde s’en fichait. C’est incroyable. Peut-être que dans une ou deux semaines nous arrêterons le football. Peut-être que notre président attend de voir ce qui va se passer avec le virus. Tout le monde ici voit la situation en Italie et en Espagne. Cela n’a rien de bon  mais dans notre pays, les dirigeants pensent que ce (le Covid-19) n’est pas aussi extrême que cela. Beaucoup de jeunes et d’étudiants pensent pareil. Je reste à la maison avec ma famille. Mais quand je sors, les rues et les restaurants sont bondés. Tous les clubs s’entraînent normalement pour la nouvelle saison. Ils s’en fichent. Je me soucie de ma santé et de celle de ma famille, je suis en contact avec un minimum de personnes. C’est très dur d’expliquer ce qui se passe dans mon pays. Tous les championnats sont suspendus mais nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’un problème. Pourquoi ? Je ne le sais pas ».

Il faut dire que le gouvernement n’a pas vraiment l’air inquiet par rapport à la situation sanitaire mondiale du moment. En témoigne d’ailleurs les propos du Président de la « République » de Biélorussie, Alexandre Loukachenko (en photo ci-dessus) au pouvoir depuis 1994 dans le pays : « Lavez-vous les mains ! Mangez aux heures habituelles. Je ne bois pas d’alcool, mais la vodka ne sert pas qu’à se laver les mains, vous devriez aussi en boire au moins 100 mL par jour, pour tuer le virus, si vous ne travaillez pas bien sûr. Je vous souhaite d’être en bonne santé, ne vous laissez pas aller. Et allez au sauna deux ou trois fois par semaine. Les Chinois nous disent que le virus meurt à 60 degrés ». Autrement dit, tant qu’il y a de la vodka il y a de la vie !

Heureusement, toujours selon les spécialistes du football d’Europe de l’Est Footballski, certains groupes de supporters appellent à ne plus se rendre au stade. Le mouvement a débuté à l’initiative des supporters du Dinamo Minsk, du Dynamo Brest et du Neman Grodno et ils ont été suivis ensuite par les supporters de 6 autres clubs tels que ceux du BATE Borisov, ou encore ceux du FK Vitebsk, club de la ville épicentre de l’épidémie en Biélorussie.

Officiellement, la Biélorussie n’est pas loin d’atteindre la barre des 200 cas pour un seul mort, officieusement la situation doit cependant être beaucoup plus alarmante. De plus, quand l’on voit la vitesse de propagation du virus, on conseille à nos amis biélorusses de laisser tomber le football et tutti quanti pendant quelques semaines afin de se protéger un peu plus, en prenant exemple sur les groupes de supporters précités. Même si on vous l’avoue, le Soligorsk-Neman du week-end nous met déjà l’eau à la bouche.