C’est devenu une bien mauvaise habitude : à chaque fois que l’occasion de faire LA bonne opération se présente, on craque. Le match face à Amiens, samedi dernier, en est la preuve la plus récente. Face à une équipe largement abordable et réduite à 10, en ayant ouvert le score, les hommes de Gasset sont passés tout près de la correctionnelle, ne devant leur salut qu’à un but salvateur d’un Rémy Cabella qui a par la même occasion sauvé une prestation personnelle encore une fois bien pâle. Un syndrome de la peur de gagner qui nous poursuit non pas depuis une semaine, mais depuis des années. Cette propension à se foirer dans les rendez-vous importants, à foncer tout droit dans les tournants, à perdre toute possession de ses moyens lorsque la pression, pourtant positive, fait son apparition dans les esprits. La limite qui sépare une « bonne équipe » d’une « grande équipe ». Il est désormais tant de s’en affranchir.

« Ce n’est pas illusoire de chercher à être invaincu jusqu’à la fin de saison. Le tout est de prendre les points pour garder notre place. Si on fait le plein à domicile, ça fera 62 points. »

Jean-Louis Gasset, en conférence de presse

L’objectif est clair pour Jean-Louis Gasset : gagner nos quatre derniers matchs à domicile et rester invaincus jusqu’à la fin de la saison. Un parcours qui nous conduirait à coup sûr au top 5, puisqu’il impliquerait de battre ou ne pas perdre contre un certain nombre de concurrents directes (Montpellier, Nice, Reims), et pourquoi pas, un peu plus haut. Lyon doit encore affronter Lille et Marseille, mais également se déplacer en Gironde où il n’a plus gagné depuis 2014. Y’a quand même un p’tit coup à jouer non ?

Ne tirons cependant pas de plan sur la comète : prenons d’abord trois points face à une équipe qui ne nous réussit pas beaucoup non plus, puisque nous ne l’avons plus battu à GG depuis 2013. Cette fois-ci, il faudra faire fi des statistiques et briser la série car après tout, ne sont-elles pas faites pour connaître un terme ?

Comment ça va jouer ?

Jean-Louis et Ghis pourront compter sur le retour de Youssef Aït-Bennasser, qui s’était légèrement blessé face à Nîmes. Fort heureusement puisque Valentin Vada ne pourra jouer face au club avec lequel il est encore sous contrat en vertu des termes de l’accord de prêt, ce qui aurait pu être problématique puisque les milieux centraux ne font pas légion dans l’effectif. M’Vila et Cabella tiendront également leur place.

William Saliba, brillamment qualifié en finale de Gambardella avec les U19 après une victoire face au même adversaire, sera probablement aligné d’entrée au vu des dernières performances de Neven Subotic, qu’on se passera de qualifier, quant à elles. Pour le reste de la ligne défensive, on aura probablement droit à du classico-classique. Devant, Romain Hamouma pourrait prendre la place d’Arnaud Nordin dans le 11 titulaire, en vertu de l’émulation et de la concurrence qu’essaye d’instaurer JLG, aux côtés de Khazri et Beric.

(réalisée grâce à demivolee.com)

Face à une équipe de Bordeaux en plein renouveau, qui n’a pas perdu depuis l’arrivée de Paulo Sousa sur le banc, difficile de prévoir le plan de jeu qu’il faudra mettre en place pour perturber un 11 qui ne cesse de changer. Davantage dans une logique de préparation de la saison prochaine que dans une optique de résultats immédiats, les Girondins expérimentent et tentent de créer un projet de jeu. Il faudra ainsi être attentif face à une équipe qui n’a plus grand-chose à perdre ni à gagner, et dicter le tempo du match en se raccrochant à un maître mot : la constance. Une denrée qui manque aux Stéphanois dans la gestion d’un match : avez-vous vu un match maîtrisé de bout en bout depuis le début de saison (oui bon y’a eu Caen mais ça ne compte pas) ?

La défense bordelaise sera néanmoins amoindrie : Pablo, Palencia et Jovanovic, hommes de base de la ligne défensive, seront absents. Il faudra profiter du manque d’automatismes et des replacements expérimentaux. Igor Lewczuk, mis au placard depuis décembre, devrait en ressortir et être associé à Kounde dans un axe inédit. Devant, Josh Maja, révélé dans l’excellent documentaire de Netflix « Sunderland till I die », pourrait connaître sa seconde titularisation de la saison, ce qui empêcherait de voir notre bourreau numéro 1, Jimmy Briand, nous jouer l’un de ses vilains tours…

Je me souviens : ASSE – Girondins de Bordeaux, 3 octobre 2009

Il faut remonter à 2009. Les Verts sont dans le dur en ce début de championnat, et Bordeaux arrive sûr de ses forces dans un Chaudron pourtant bouillant. Laurent Blanc et Jean-Louis Gasset ne savent pas encore qu’ils vont connaître la fin d’une longue série de matchs sans défaite face à des Stéphanois méconnaissables. Les Verts étaient attendus au tournant, et, emmenés par un Dimitri Payet des grands soirs, écrasent leur adversaire 3 buts à 1 après un match au suspense innommable.

Très tôt, le but d’un joueur qui n’a pas marqué les esprits à Saint-Etienne (et pourtant), Augusto Fernandez ouvre le score d’un centre d’Araujo Ilan. Peu avant la demi-heure de jeu, Gelson Fernandes récupère le ballon au milieu de terrain et alerte Gonzalo Bergessio. L’Argentin sert magnifiquement de l’extérieur du pied Ilan dans la profondeur qui s’en va doubler la mise.

Mais Bordeaux revient à la 68ème minute de jeu, sur pénalty, après une faute concédée par Andreu. Les Verts voient alors le retour des Bordelais en ligne de mire, lesquels ont d’ailleurs l’opportunité d’égaliser. Mais Saint-Etienne reprend sa marche en avant.

C’est seulement à la 95ème minute que le jeune prodige marque assurément l’un des plus beaux buts de sa carrière, laissant Cédric Carrasso impuissant au devant de sa ligne.

Ce qu’on veut voir :

  • Une belle fête en tribune et une ambiance des grands jours tout d’abord. Avec plus de 30 000 billets déjà vendus, les Verts auront leur 12ème homme avec eux pour les transcender.
  • Des idées et de l’envie en attaque : avec la titularisation prévisible de Robert Beric, Cabella, Khazri et Hamouma devront proposer des centres et des ballons dans la surface au Slovène mais ils auront aussi intérêt à multiplier les combinaisons. Face à une défense girondine sans doute inédite, les trouble-fêtes stéphanois pourraient être inspirés d’oser encore plus.

Ce qu’on ne veut pas voir :

  • Du relâchement ou pire, de la résignation. Les Verts ne devront pas paniquer. Une occasion en or se présente et il s’agit de ne pas la louper sans pression particulière. La pression ce sont les Bordelais, s’apprêtant à jouer un Top 5 dans un Chaudron bouillant, qui l’auront sur les épaules. Aux Verts de leur faire bouffer la poussière.

Notre prono : 2-0, sans fioritures