Il fallait bien que cela s’arrête. Après 7 matchs sans défaite dont 6 victoires, la meilleure équipe de Ligue 1 sur cette période est tombée face au MHSC, dans un Chaudron pourtant en fusion à l’orée de ce rendez-vous capital dans la course à l’Europe. Lyon obtient un joker inespéré et la possibilité de mettre Sainté à 4 points en cas de victoire au Vélodrome, alors que Montpellier peut continuer de croire en une qualification en Europa League.
La première période est assez pauvre en occasions. Les Verts se heurtent à un bloc Montpelliérain bien en place, qui tente de les empêcher de créer du jeu en pressant haut sur le terrain. Les interlignes sont difficilement trouvables car les joueurs de Michel Der Zakarian ont décidé de densifier le milieu de terrain, bien conscients des forces stéphanoises et de l’importance de Cabella dans l’orientation du jeu. L’importance des pistons pailladins (Oyongo et Suarez) est en ce sens capitale, ceux-ci bloquant les couloirs dans une position alignée sur celle des milieux de terrain centraux. Il n’y a donc pas d’alternative possible, ce qui se ressent sur le contenu d’une première mi-temps durant laquelle Sainté ne se montre jamais dangereux. Cela aurait pu être encore pire si Ruffier ne s’était pas interposé devant Mollet sur l’une des quelques incursions montpelliéraines dans le camp stéphanois.
Le début du second acte est fou. Il faut dire que M. Bastien, l’arbitre de cette rencontre, a bien contribué à augmenter la tension de ce match. Tout d’abord en sanctionnant Daniel Congré d’un rouge plus que sévère après consultation du VAR, démontrant qu’il ne s’agit plus d’un problème d’homme mais d’incompétences. Le vent semble s’engouffrer dans les voiles vertes. S’en suit alors un carton jaune de compensation pour une faute inexistante de Nordin sur Hilton puis deux minutes de folie devant le but de Lecomte, sans toutefois que les filets ne tremblent. Et sur un contre, Cabella se rend coupable d’une faute totalement inutile, sanctionnée d’un second carton jaune après un premier lui aussi très sévère reçu cinq minutes avant. L’homme en forme du moment sort en larmes, comme conscient des lourdes conséquences que va perpétrer cette erreur. Le vent tourne, et les Verts se sabordent tous seuls. Car dans la foulée, Laborde est servi en retrait à l’entrée de la surface et envoie une frappe limpide dans le petit filet de Ruffier.
Une réalisation qui témoigne du fait que les émotions ont pris le pas sur les notions tactiques. Voyez plutôt comment l’arrière garde stéphanoise défend sur cette action :
Ce but a pour effet d’assommer les coéquipiers de Loïc Perrin. Juste après le but, Nordin voit sa frappe claquée par Lecomte sur un centre en retrait de Khazri. Puis plus rien. Montpellier presse, les Verts subissent et ne font preuve d’aucune réaction. Laborde manque le 2-0 en croisant trop son lob. Le trou d’air est bien visible et d’autant plus nuisible. Le réveil n’intervient que dans les cinq dernières minutes. Enfin un peu de folie et d’allant, mais il est déjà tard. Les poubelle boy’z résistent et font bloc de plus en plus bas. Beric, par deux fois, à l’occasion de glaner un point précieux, assurant les siens de terminer devant leurs adversaires du siens, mais on vous laisse constater que le buteur slovène n’était pas dans un grand soir…
Ruffier sauve les siens du K-O devant Delort. Geoffroy Guichard pousse de toutes ses forces, mais la ferveur ne suffira pas. Sainté s’incline dans un match qu’il aurait du se faciliter, et qui risque de laisser beaucoup de regrets, à l’instar du match face à Bordeaux l’année dernière, à la même période de la saison, qui avait contribué à les priver d’Europe. Maudite 36ème journée. Ne reste plus qu’à croiser les doigts pour que l’OM prouve qu’il est le seul Olympique ce soir…
On a aimé :
- L’ambiance : Plus de 35 000 fous furieux venus pousser leur équipe vers un rêve domptant tous les cœurs verts, des tifos extraordinaires, comme à leur habitude, et une ambiance digne des grands soirs : dommage que le spectacle n’ait pas été à la hauteur sur le terrain… On espère des tribunes aussi chaudes contre Nice, même si on n’a aucun doute là-dessus.
On n’a pas aimé :
- Le show Benoît Bastien : La mi-temps a visiblement eu de drôles d’effets sur l’arbitre de cette rencontre. Après avoir sorti un jaune très sévère pour Rémy Cabella puis un rouge inexistant à Daniel Congré, l’homme en noir a distribué un jaune à Nordin pour une faute là-aussi inexistante, tout cela à quelques centimètres des yeux de son assistant, qui aurait lui aussi lit vraisemblablement en braille, avant d’exclure Cabella pour un second carton davantage mérité mais rageant lorsque l’on regarde le premier. Pour terminer son spectacle, il a également omis d’exclure le déjà averti Skhiri pour une faute similaire à celle de Cabella, sans doute par crainte de déséquilibrer des débats qu’il avait déjà fortement mis en péril. Quand l’incompétence est sœur de lâcheté et de manque de courage… Voilà la définition même de l’arbitrage français.
- La faiblesse dans la gestion des émotions : Les Verts se sont sabordés. Non contents de ne garder leur avantage numérique que 10 minutes par manque de lucidité, les hommes de Jean-Louis Gasset ont encaissé un but dans les secondes ayant suivi l’expulsion de Cabella, lui -même pris dans l’euphorie provoquée par les événements et l’enjeu, avant de se montrer sans réaction pendant vingt bonnes minutes. Contrariés dans leur projet de jeu par des Montpelliérains ayant décidé de presser assez haut pendant une large partie de la rencontre, les Stéphanois n’ont pas su trouver la clé. Et comme à leur habitude, lorsque la possibilité de franchir un cap est devant eux, ils craquent…
- Le bilan des Verts face à l’actuel top 5 : 1 sur 24 : voilà le nombre de points pris par les Stéphanois face aux équipes du top 5. Une constante qui dure de saison en saison, preuve parfaite des carences vertes et des persistantes difficultés à passer un cap. C’est là-dessus que se sera jouée notre saison, malheureusement.
Les tops :
- Ruffier : C’est lui qui permet aux siens de rester dans le match jusqu’au bout. Un arrêt devant Mollet en première mi-temps et deux sorties décisives devant Laborde et Delort qui auraient pu valoir de l’or si Beric était parvenu à trouver le chemin du but…
- Polomat : Encore une prestation solide de la part de celui qui était blacklisté en début de saison. A force d’abnégation et d’exemplarité, le joueur prêté à Auxerre est parvenu à réaliser un retour inattendu mais précieux dans un secteur où les blessures affluent. Une prolongation ? Nous on dit oui.
- Khazri : Certes, il n’est ni décisif, ni vraiment dangereux. Mais c’est lui qui fait les transitions, qui fait les passes, qui fait les appels, qui crée le danger… Il s’est retrouvé bien seul au sein d’une attaque amorphe, peu aidée par un milieu de terrain qui s’est fait marcher dessus, surtout en deuxième mi-temps.
Les flops :
- Cabella : On est obligé de le citer, non pas pour sa performance, somme toute honorable, mais pour ce geste idiot qui vient pénaliser toute une équipe. Le champion de France 2012 avec Montpellier semble avoir du mal à supporter la pression : contre Bordeaux, l’année dernière, il manque un pénalty qui aurait pu nous envoyer en coupe d’Europe, laissant… les Girondins nous doubler au finish. Malheureux mais rageant. Sa sortie en larmes fait mal au cœur et montre malgré tout l’étendue de l’investissement du garçon. Il va nous manquer face à Nice, et ça aussi c’est idiot.
- Beric : Transparent durant toute la rencontre (jusqu’ici pas de grand changement), Berigoal a croqué deux énormes occasions dans les dernières minutes, faisant preuve d’une mollesse qu’on lui connaissait déjà mais qui s’est vue poussée à l’extrême sur ces deux actions. Rentre dans ce p****n de ballon, bordel ! Indigne d’un buteur de se qualité.
- M’Villa : Le métronome stéphanois n’a pas eu son rayonnement habituel. Bougé par Mollet qui l’a souvent fait tourné en bourrique, l’ancien Rennais a perdu le contrôle du milieu, peu aidé par ses compères, il est vrai, mais néanmoins sans apporter de solutions aux problèmes des siens. Sa transparence s’est ressentie dans les trente dernières minutes, durant lesquels le milieu de terrain vert n’a pas touché un caramel.