N’ayez crainte ! Vous ne serez pas ensorcelé en pénétrant dans cette maison peu ordinaire. Le lieu a beau emprunter son nom à la figure mythique russe mi-sorcière, mi-ogresse, la Maison des Babayagas n’est en fait qu’une simple maison de retraite. « Simple » ? Pas si sûr.
Fondée en 2013 à Montreuil, en banlieue parisienne, cette maison de retraite autogérée, solidaire, citoyenne, écologique et non-mixte accueille à ce jour une vingtaine de résidentes disposant chacune d’un appartement et d’une pleine indépendance. Le projet est l’occasion, pour des femmes à la retraite, de vieillir à l’abri du spectre de l’isolement et de penser le renouvellement des représentations liées à la vieillesse.
Dépasser la conception fataliste de la vieillesse
L’histoire commence en 2001, lorsque Thérèse Clerc, militante féministe, imagine une maison de retraite qui permettrait aux « vieilles », comme elle les appelle, de jouir pleinement de leur liberté. La pionnière des Babayagas insiste sur la dimension politique de ce projet. Il est temps selon elle, de « dépasser la conception de la vieillesse comme un simple problème économique et social ».
Selon les statistiques, la population française est composée de quinze millions de personnes de plus de soixante ans. Ce chiffre pourrait atteindre, selon les prévisions, 24 millions en 2060. La fondatrice de la Maison des Babayagas rappelle qu’une maison de retraite peut coûter jusqu’à deux mille euros par mois, en plus de signifier une mise au ban de la société. La ligne directrice de ce projet participatif se résume dans son slogan : « Vieillir vieux, c’est bien, mais vieillir bien, c’est mieux ».
Vieillir vieux, c’est bien, mais vieillir bien, c’est mieux !
Slogan de la Maison des Babayagas
Le 16 février 2016, Therèse Clerc est décédée, mais son idée, elle, est toujours bien vivante. La Maison des Babayagas continue de vivre et de fourmiller d’initiatives. L’UniSavie, ou « UNIversité du SAvoir du VIEillir autrement », continue de dispenser ses enseignements et de proposer des discussions autour de divers sujets, avec en première ligne, celui de la vieillesse. Quand l’une pense à créer un café citoyen au rez-de-chaussée, une autre participe au cours de dessin sur nu donné dans la salle commune. La Maison des Babayagas, c’est aussi et surtout, des petits riens, comme aller ensemble à la Nuit blanche de Paris entre amies et rentrer en prenant le dernier métro. Et n’allez pas leur dire que ce n’est plus de leur âge…