Hey, comme on se retrouve ! Chose promise, chose due. Je reviens vers toi pour te narrer encore quelques petites anecdotes sur notre boisson préférée. J’espère que tu as soif…

Origines historiques du rhum

Originellement, le rhum, breuvage obtenu par un procédé de distillation, a en partie vu le jour grâce à deux curetons. Deux Jean-Baptiste qui plus est !

Jean-Baptiste Du Tertre (1610 – 1697) est, en plus de faire partie de l’ordre dominicain, un ornithologue et botaniste expérimenté. C’est lors de ses séjours répétés dans les Antilles en tant que missionnaire que le Père Du Tertre travaille sur les premiers essais de distillation. Il tombe amoureux de cette région et y passe six années de sa vie. C’est chouette.

L’autre Jean-Baptiste c’est le Père Labat (1663 – 1738). Également missionnaire dominicain et botaniste, Jean-Baptiste Labat fut également connu en tant qu’ethnographe et ingénieur. Il part pour la Martinique où il aide au développement de la paroisse de Macouba avec la construction de plusieurs édifices. Le petit problème avec Labat c’est que même s’il a énormément compté pour le rhum et son histoire – le rhum (agricole) du Père Labat existe même, produit à Grand-Bourg sur l’île de Marie-Galante par la distillerie artisanale Poisson, afin d’honorer les travaux du monsieur en la matière – ce cureton était tout de même un fervent défenseur de l’esclavagisme. Propriétaire terrien, Jean-Baptiste était également propriétaire d’esclaves. Moche. Alors ce n’est pas le sujet ici mais il est important de rappeler que l’histoire du rhum est étroitement lié à la colonisation et ses méfaits sur les hommes. Le rhum, boisson emblématique des French West Indies, fait écho aux horreurs de l’époque de l’esclavagisme. Ses premières contributions pour le rhum furent la mise en place d’un plan de développement et de modernisation de l’industrie de la canne à sucre dans les Antilles françaises. Il a, entre autres, fondé l’exploitation sucrière de Fonds-Saint-Jacques à Sainte-Marie en Martinique.

Portrait de Jean-Baptiste Labat, gravure tirée de son livre Nouveau voyage aux isles de l’Amérique (1742)

On ne sait pas si c’est vrai mais d’après la légende, c’est en cherchant un remède contre une fièvre que Labat aurait concocté aux Antilles le breuvage qui, après plusieurs évolutions, deviendra le rhum par la suite.

La Barbade, berceau historique du rhum

C’est un secret pour personne, l’endroit originel dont est originaire le rhum est la Barbade. Ce n’est pas pour rien que s’y situe la plus vieille distillerie – encore en activité – qu’est Mount Gay, fondée en 1703. Et ouais, ça ne date pas d’hier et c’est sûrement pour cela que l’histoire du rhum est si intéressante tant elle regorge de traditions séculaires et autres petites anecdotes à se raconter les soirs d’ivresse. Du genre, « tu savais que les premiers essais de distillation pour le rhum on été pratiqués par deux Jean-Baptiste curetons ?! ». *élocution approximative*

Crédit : Bar magazine, Island Craft: Mount Gay rum’s Barbadian story

Le procès du rhum industriel

On a précédemment vu dans la première partie à cette introduction qu’il existait comme pour le whisky des embouteilleurs indépendants et bien comme pour le whisky, il existe des distilleries officielles, ces dernières garantissant un rhum de qualité constante. C’est le cas de Foursquare, créée en 1926 par R.L. Seales, grand passionné de rhum et grand monsieur surtout. Alors il faut savoir, avec Foursquare, tu te trompes rarement en principe, c’est une distillerie de référence dans l’univers du rhum et elle compte le rester. Déjà, ça vient de la Barbade donc tout de suite ça se pose là quoi ! Et comme pour les embouteilleurs indépendants, on retrouve les caractéristiques propres à un bon breuvage, à savoir, parmi d’autres, une couleur naturelle (aucun ajout de caramel liquide n’intervient dans l’élaboration du produit).

Une étiquette de Foursquare, c’est beau putain

Et cette couleur naturelle, si chère à R.L. Seales, est le point de départ du procès que ce dernier a intenté à Don Papa. Le pourquoi du comment ? Seales reproche à Don Papa le fait de produire un rhum industriel et de le cacher aux consommateurs. En gros, Don Papa prenait le consommateur lambda pour un con et dans son dos de surcroît. Est-ce qu’on peut se risquer à dire que Don Papa cassait du sucre dans le dos de ses clients ? Je ne pense pas. Le mauvais goût a ses limites et parfois il est bon de connaître les siennes…

Le Coquinou

R.L. Seales s’est donc battu pour que soit mentionné sur l’étiquette du Don Papa tous les ajouts utilisés dans le processus de fabrication de cette merde industrielle. En gros, ils peuvent continuer de prendre les gens pour des cons mais ils doivent juste le marquer sur l’étiquette. Ça vaaaaaaaaa !

Parce que les copains accrochez-vous bien à votre siège mais si vous avez déjà acheté une bouteille de Don Papa ou tout simplement bu du Don Papa, c’est 29 grammes de sucre et 2,4 grammes de glycérol par litre au compteur. Sachant que tout ça représente des ajouts à un produit déjà issu du produit de la raffinerie de la canne à sucre. C’est quand même un peu trop là non ? Comme si cela ne suffisait pas, ils rajoutent des arômes de vanille (vanilline) avec 359 milligrammes par litre. Moche. Donc la prochaine fois que tu vois une bouteille de Don Papa, regarde bien l’étiquette de plus près, ça pourrait te servir. Et puis, fais ça pour tout ce que tu consommes en vrai. Personnellement, j’aimerai pas qu’on me vende un produit industriel emballé dans une belle étiquette te ventant une typicité particulière, une « histoire » (inventée de toutes pièces)… Je sais bien qu’on a besoin de marketing dans la vie pour vendre des trucs aux gens mais si ça peut se faire de manière minimum honnête, ça serait sympa. Je sais, j’en demande trop là.

Oui, Don Papa n’est pas le seul faux rhum qui existe

Les dark rums

C’est pas super compliqué, on les appelle dark ou black de par leur couleur très sombre. C’est vraiment tout con. Si t’as déjà eu la chance de lire des articles estampillés In wino veritas, on a déjà pu parler d’un dark rum avec la recette du Dark ‘n’ Stormy et son Gosling’s Black Seal des Bermudes. Cette catégories de jus de soleil évoque des rhums particulièrement épicés, on parle donc de dark spiced rums. C’est le cas du Kraken des Îles Vierges, que tu dois sûrement connaître tant le marketing autour de ce produit est hyper bien maitrisé. Boisson de pirate, tout ça, tout ça…

C’est ce qui s’appelle une pub quali !
Non franchement, les gars du service marketing sont balèzes, rien à dire

Cependant, comment s’obtiennent ces rhums épicés ? Et bien, il existe différentes manières :

  • par la macération d’épices mais le problème étant que cette technique reste très aléatoire et peu contrôlable. En effet, un épice peut prendre le pas sur les autres et on n’y peut rien.
  • par un habile assemblage nécessitant une réelle maîtrise du produit de base.
  • au moyen d’un panier à vapeur disposé dans l’alambic pendant le processus de distillation. De cette manière, on va pouvoir récolter les huiles essentielles s’en dégageant.

VO, VSOP, XO, késako ?

Tu as peut être déjà vu ces différentes appellations sur des étiquettes de rhum. En fait, chaque mention correspond à un vieillissement différent. Là aussi, beaucoup de bruit pour rien, ça reste hyper simple à comprendre :

  • un rhum VO est vieilli 3 ans.
  • un VSOP, c’est entre 4 et 6 ans.
  • un XO, 6 à 8 ans.
Un Plantation XO

Si ces différentes appellations ne sont pas mentionnées directement dans le nom du produit, il suffit de se référer à la date de distillation et à la date de mise en bouteille directement sur l’étiquette. Easy.

Voilà, je pense qu’on est pas trop mal niveau connaissances avec ces deux articles sur le rhum. Après, on a simplement effleuré une infime partie de ce que peut représenter cette boisson mais disons qu’on a les bases. Et en même temps, les bases, c’est ni plus ni moins les ambitions que pose une brève introduction en la matière. Et c’est déjà pas mal !

Bon, tu connais la chanson. On m’appelle pour l’apéro.

Allez… *hips* salut !