Le mystère du royaume de Saba

Saba, kézaco ? Saba est le nom d’un royaume situé au Yémen, en Éthiopie et en Érythrée actuelles. Il est évoqué par les religions du Livre, notamment par la Bible et le Coran. Il est la preuve que parfois le mystique et le réel peuvent ne faire qu’un. Tant et si bien qu’il est très difficile pour les historiens de déterminer la part de mythe et la part de réalité dans la description de cette terre.

Ce royaume aurait été en place d’environ -1200 à 275 ce qui en fait un long règne dans la même région que l’Empire d’Axoum, que nous avons déjà évoqué précédemment.

Au III° siècle ap. J-C, le royaume de Saba est en plein déclin et assez réduit – Crédit : Yom

Le royaume fut notamment évoqué dans la Bible puisque la « Reine de Saba » vient rendre visite au Roi Salomon (daté environ du X° siècle avant J-C). Si les historiens ne sont pas certains que ce royaume représenté par une reine soit le même que le royaume de Saba historique (c’est-à-dire dont on a des preuves de l’existence), le rapprochement a tout de même pendant longtemps été effectué. Il s’agit d’un sujet d’études depuis de longues années maintenant, entre travail d’archives et fouilles archéologiques.

Après de rudes débats (si si, les historiens ont parfois de rudes débats, n’allez pas croire), un consensus vient enfin d’être établi sur la capitale de ce royaume : Marib, une ville située au Yémen actuel. C’est un orientaliste français, en la personne de Joseph Halévy, qui assura en 1869 que Marib était la capitale de cet ancien royaume, bien que contesté plus tard par d’autres équipes de fouilles archéologiques (notamment allemande, éthiopienne, etc… avec souvent des considérations politiques).

Portrait de Joseph Halévy par Eugène Pirou

Petit aparté pour ceux ne le sachant pas : un orientaliste est un intellectuel européen passionné par l’Orient et son histoire, il s’agit d’un mouvement littéraire, artistique et scientifique très important au XIX° siècle.

Des fouilles américaines en 1951 mettent au jour le temple de Mahram Bilqis (ou temple d’Awwam) situé près de Marib. Les nombreuses inscriptions retrouvées dans la région attestent de l’importance de la ville à cette époque. Le pays brillait à son apogée par son négoce d’or, d’encens et de pierres précieuses.

Des colonnes parmi les ruines du temple de Mahram Bilqis (Awwam)

Ainsi, après une énième remise en question de la chose par une équipe allemande en 2008, les historiens semblent aujourd’hui d’accord pour définir Marib comme la capitale de cet antique royaume. 150 ans après les premières hypothèses : il était temps !

Concernant la fameuse Reine biblique de Saba, le mystère restera sûrement à jamais entier sur son existence…

Dublin et les Vikings : toute une histoire

Le 11 mars 2020, l’archéologue Alan Hayden, de l’Université de Dublin, a déclaré à la presse irlandaise avoir résolu en grande partie le mystère de « L’étang noir viking » de Dublin (en référence à un bassin dépendant d’un affluent du fleuve de la Liffey, qui traverse la ville).

Depuis plusieurs années, des fouilles effectuées à proximité immédiate du château de Dublin et des vestiges de l’église St Michael of the Pole (VI° siècle) cherchaient à comprendre le lointain passé de la ville. C’est désormais chose faite.

Vue sur le château de Dublin – Crédits : Pixabay

Il semblerait que le site baptisé autrefois Dubh Linn (l’étang noir en gaélique) ait donné son nom à la ville et ait abrité une colonie de vikings. Cette dernière serait donc à l’origine de l’essor de la future capitale. Les normands sont arrivés dans le courant du VII° siècle en Irlande et ont établi plusieurs colonies sur le territoire irlandais dans le but principal de faire du commerce. Ils quittèrent définitivement l’île au XI° siècle.

Comme le montre cette carte, des colonies vikings se trouvaient sur les côtes irlandaises encore au X° siècle, notamment à Dublin

Les archéologues se posèrent longtemps la question du choix de ce site car le bassin paraissait jusqu’alors relativement réduit. Les nouvelles découvertes change la donne (comme toujours en Histoire) puisqu’il s’agirait en réalité d’un bassin de plus que 400 mètres de largeur, dans lequel pouvaient donc facilement rentrer deux centaines de drakkars vikings. Dans ces conditions, l’installation facilite ainsi le commerce et les échanges avec le reste du monde et notamment la Scandinavie.

Le chantier de fouilles du bassin – Crédit : RTÉ

Cela a également réglé une autre question : le nom de l’église faisait référence à « The Pole » sans que l’on ne puisse jusque-là y donner une signification particulière. Alan Hayden ose désormais le rapprochement avec « The pool » (littéralement, piscine en français).

Skol !

Coronavirus : le virtuel pour aider les institutions patrimoniales ?

Le confinement généralisé de plus de 3 milliards d’êtres humains posent des questions. Sanitaires bien sûr mais aussi économiques pour le secteur industriel et commercial. Mais la Culture est également impactée par cette pandémie.

À l’heure du Coronavirus, les musées du monde sont, pour une grande majorité d’entre eux, fermés au public, ce qui occasionne un manque à gagner très conséquent pour toutes ces structures (qu’il s’agisse de billetterie ou bien de ventes annexes comme les boutiques).

Un grand nombre d’institutions patrimoniales ont pris le parti de s’adapter et de proposer des visites virtuelles à ceux qui le désirent. Si l’expérience n’est certes pas la même, elle permet néanmoins de s’aérer l’esprit et de se cultiver de chez soi. C’est pourquoi le Ministère de la Culture a lancé l’initiative #CultureChezNous, suivie par les musées nationaux mais également l’INRAP. Quelques exemples parmi les musées parisiens :

  • Le musée du Louvre nous permet de découvrir ses collections sous des formes très diverses : des photos, des œuvres, des podcasts spécialisés, des dessins animés, des vidéos, etc… Lien vers la visite en ligne ici.
  • Le musée d’Orsay (avec celui de l’Orangerie) propose quant à lui, en plus de son site habituel, un site dédié au jeune public, qui offre un accès à l’ensemble des œuvres présentes dans les expos. On les y retrouve classées selon les différentes périodes, les parcours du musée ou simplement les artistes tels que Monet, Matisse ou encore Picasso. À voir ici.
  • Le site officiel du Centre Pompidou est à ce titre devenu une plateforme de contenus pour favoriser l’accès à des expos numériques en lien avec les collections du Centre. Il propose également des petites formations, ce qui permet aux visiteurs à la fois de découvrir mais aussi de s’initier à la pratique. L’idée est notable dans un contexte où les gens ont plus de temps pour eux.

Ailleurs dans le monde, de nombreux musées se mettent également à la page comme le Museum d’Histoire Naturelle de New-York. Dans cette région très fortement touchée par le Covid-19, le musée propose une visite virtuelle immersive en partenariat avec Google Arts & Culture ou encore par des vidéos avec Facebook : comme si vous étiez dans le musée !

La visite immersive en partenariat avec Google Arts & Culture – Crédits : American Museum of Natural History

Le musée propose aussi un certain nombre de liens à découvrir pour les familles, les étudiants ou encore les éducateurs afin de montrer que la culture peut et doit continuer dans ce contexte inédit.

De partout en France des musées prennent cette initiative (déjà initiée auparavant dans le cas de certains). C’est par exemple le cas des musées de Lyon, de Saint-Étienne, de Bordeaux ou encore du MuCEM de Marseille (qui propose -entre autres- une visite à 360° de ses réserves ainsi qu’une exposition en ligne).

Si le virtuel était de plus en plus utilisé par les musées et autres institutions culturelles, force est de constater que la pandémie actuelle a forcé le développement de ce genre de pratiques. Au point de les pérenniser ? À suivre…

Avant-goût : le prochain article des Flâneries de l’Histoire traitera de la grippe espagnole de 1918-1919 !

Merci d’avoir lu cette actu, prenez soin de vous et de vos proches et à bientôt !