Une victoire des Alliés

C’est dans un train isolé au cœur d’une clairière près de Rethondes que fut signé l’armistice de 1918. Ce dernier inclut une victoire écrasante des Alliés (notamment de la France) sur une Allemagne affaiblie et en pleine révolution politique. Cette dernière se soumet entièrement aux conditions posées par ces derniers.

Le Maréchal français Foch, commandant suprême des troupes alliées, ainsi que le Général Weygand représentent les Alliés en compagnie de l’amiral Weymiss et du contre-amiral Hope (Grande-Bretagne). Côté allemand, Matthias Erzberger représente le gouvernement allemand accompagné du Généralmajor de l’armée impériale : Winterfeldt (je laisserai aux plus téméraires le risque de faire un jeu de mot avec une certaine série fantasy à succès).

La signature de l’armistice. Tableau de Maurice Pillard Verneuil

La photographie se développant à cette période, les vainqueurs immortalisent leur sortie du wagon :

Photo divulguée par la presse internationale. Au premier plan, le Maréchal Foch

Il y a maintenant 101 ans que la première guerre mondiale s’est achevée, laissant derrière elle son lot de désolation, de tombés et de gueules cassées. Au total, ce sont près de 18,6 millions (à quelques milliers près évidemment) de personnes qui périrent durant le conflit dont plus de 8 millions de civils, éternelles victimes collatérales.

Et la population dans tout ça ?

Les grands noms, les batailles, l’armistice, l’économie de guerre, le travail des femmes… Historiens et écoliers connaissent ces instants cruciaux de la Grande Guerre. Mais comment nos aïeux l’ont-ils réellement vécu ? Je ne vais pas me lancer dans un long monologue explicatif, j’ai préféré vous laisser quelques témoignages des contemporains de cet évènement, afin de cerner la joie qui entoura la signature de l’armistice, dans les villages comme dans les rangs des soldats.

« Ce 11 novembre 1918, toutes les cloches du village se sont mises à sonner. Les gens criaient : C’est la fin de la guerre, c’est la fin de la guerre ! » Robert, 7 ans ce jour-là. Propos rapportés par Le Parisien en 2015.

« Onze heures. Un grand silence. Un grand étonnement. Puis une rumeur monte de la vallée, une autre lui répond de l’avant. C’est un jaillissement de cris dans les nefs de la forêt. Il semble que la terre exhale un long soupir. Il semble que de nos épaules tombe un poids énorme. Nos poitrines sont délivrées du cilice de l’angoisse : nous sommes définitivement sauvés. » Un soldat dans les Vosges le 11 Novembre 1918 dans un roman autobiographique [Gabriel Chevallier, La Peur, Paris, Stock, 1930, 319 p]

« On nous a demandé de sortir du préau de l’école et de faire une ronde dans les rues du village. Le 11 novembre 1918, on s’est promenés en chantant ». Suzanne, 9 ans à l’époque. Le Parisien, 2015.

« Le poste de T.S.F. a reçu la nouvelle brève que les hostilités cesseront ce matin à onzez heures. Est-ce possible ? Est-ce vrai ? Le cantonnement se réveille et s’agite. C’est la fin ! On pleure, on rit, on court vers le village pour boire et boire encore. » Camille Auret, qui écrit ses lignes depuis Asper en Belgique.

Des témoignages émouvants. Je vous invite à vous plonger dans les nombreux ouvrages recensant des récits de contemporains, qui nous ont hélas presque tous quittés aujourd’hui.

Les derniers morts

L’histoire raconte ainsi que les canons et les fusils se sont tus symboliquement le 11/11 à 11h. Cependant, difficile de ne pas penser aux derniers malheureux tombés au combat. Hélas, près de 11 000 soldats mourront encore ce matin-là.

Parmi les derniers malheureux tombés ce jour-là, le belge Marcel Toussaint Terfve décède d’une balle dans les poumons à 10h42. Augustin Trébuchon est quant à lui le dernier français, tué d’une balle dans la tête, à 10h45 soit un quart d’heure avant l’arrêt des combats.

C’est cependant un américain qui sera le dernier malchanceux de la Grande Guerre, en la personne d’Henry Gunther. Il ne mourra mitraillé qu’à 10h59 lors d’une dernière charge à la baïonnette (charge évitable, cela va sans dire).

Les conséquences de l’Armistice

Si l’Armistice de 1918 a été une libération du côté des Alliés, ce fut le début d’une série d’humiliations cuisantes imposées à Allemagne et à sa population.

La Conférence de Paris, instaurée pour négocier les traités de Paix, s’étalera de janvier à août 1919. Elle aboutit principalement au Traité de Versailles, qui instaure la Société des Nations (ancêtre de l’ONU) afin d’éviter un nouveau conflit mondial.

Cependant, le Traité (sous l’impulsion de la France) prévoit un affaiblissement de l’Allemagne, à tout niveau (économique, politique et militaire). Cet acharnement sur l’Allemagne et sa république naissante (La République de Weimar) sera une des causes de la montée du nazisme en Allemagne jusqu’en 1933. Adolf Hitler le qualifiera de Diktat, s’attachant à le réduire à néant dès son arrivée au pouvoir.

Revanchard, Hitler imposera la capitulation de la France dans le même wagon que l’armistice du 11 Novembre 1918. Ironie de l’Histoire quand tu nous tiens…