Contextualisation impérative : la première guerre médique

Il va sans dire que la « Grèce » de l’Antiquité ne constitue pas une entité politique stable. On désigne par ce terme l’ensemble des cités-États indépendantes et de culture hellénistique. La plupart de ces cités possèdent en effet le même mode de vie, soit-il religieux, culturel ou encore linguistique. La présence de sanctuaires panhelléniques (littéralement « pour toute la Grèce ») atteste d’ailleurs bien de cette uniformisation culturelle, en dépit des nombreuses disparités politiques. C’est pourquoi les historiens préfèrent parler de « monde grec antique » plutôt que de la Grèce de façon simpliste.

Ce monde grec antique est évidemment dominé par certaines cités, les deux principales étant Sparte et surtout Athènes, vous vous en doutez. Mais ce monde grec, au début du V° siècle avant J-C (oui, je mets des chiffres romains, hein les musées parisiens), est menacé par une vaste puissance à l’Est : l’Empire Perse, dirigé par la dynastie achéménide.

Carte du joyeux bazar des Guerres Médiques

Les grecs vont par deux fois devoir prendre les armes contre l’Empire Perse, bien plus vaste et réputé plus puissant que ces cités en apparence désunies. Dans l’historiographie et notamment dans les films à succès, on retrouve souvent l’opposition caricaturale de la petite Grèce contre l’ogre Perse, ce qui est bien entendu à nuancer. Ces deux conflits trouvent leur origine dans la révolte des cités Grecques d’Ionie. 

En 547 avant-J-C, les Perses assujettissent les cités de la côte ionienne (un rayon de 200km autour de la ville d’Izmir, en actuelle Turquie) dont la cité d’Éphèse, dans laquelle se trouvait l’une des sept merveilles du monde antique : le temple d’Artémis. La cité, presque aussi bien conservée que Pompéi, offre un spectacle magnifique à des millions de visiteurs par an.

Pour revenir aux joyeusetés des armes, c’est en -499 que les douze cités d’Ionie (et notamment celle de Milet) se révoltent contre la domination perse. Les motifs sont divers : ils sont sans conteste culturels mais également commerciaux et économiques (je vous épargne les détails). Cependant, il faut retenir qu’en -493, la cité de Milet est prise, ce qui aboutit à une lourde défaite des révoltés.

La Grèce « continentale » et notamment Athènes (qui avait apporté son soutien à la révolte), commence à s’inquiéter de cette défaite grecque tandis que le Roi Darius Ier impose un lourd tribut aux cités révoltées.

Cependant, il est à noter qu’il leur laisse une nouvelle fois leur autonomie. Darius, désireux de sanctionner les cités ayant soutenu la révolte, souhaite lancer une nouvelle opération, cette fois-ci au cœur du monde grec. Durant toute l’année -491, des émissaires perses parcourent les cités grecques en demandant « la terre et l’eau » (en gros, une demande de soumission, soyons clairs). Certaines cités acceptent de se soumettre mais d’autres refusent et mettent à mort les ambassadeurs, à l’instar de Sparte et Athènes.

La grande victoire de Marathon

Darius lance alors une vaste campagne pour châtier les soutiens de la révolte d’Ionie. Et il est conseillé par… un athénien ! En effet, Hippias, de la famille des Pisistratides, était un ancien tyran d’Athènes désireux de recouvrer son pouvoir. Alors je vous arrête de suite, « tyran » n’avait pas tout à fait le même sens qu’aujourd’hui : il désigne le pouvoir total d’un individu sur une cité, qui le place au-dessus des lois. Bien entendu, ce terme devint très vite péjoratif. À la suite d’un coup d’État, Hippias fut condamné à l’exil et trouva refuge chez l’ennemi : le Roi de Perse.

Darius parvient alors à soumettre les cités de Naxos et d’Erétrie avant de mettre le cap sur Athènes, son débarquement principal est prévu sur la plage de Marathon, devant laquelle s’étend une vaste plaine. Athènes hésite : faut-il traiter ? Faut-il combattre ? Le général Miltiade le Jeune penche pour la seconde option. Après un débat entre les généraux, le polémarque athénien (chef des armées) Callimaque décide de partir en guerre. Ce sont ainsi près de 10 000 athéniens, rejoints par 1 000 Platéens, qui feront bientôt face à 20 000 Perses.

Stratégie

Miltiade dispose les hoplites grecs en phalange, une stratégie donc entièrement misée sur les fantassins qui s’avèrera payante. Ils disposent entre autres d’un casque de bronze, d’une armure avec cuirasse et d’un grand bouclier rond. Ils possèdent également une lance de deux mètres de hauteur.

Représentation dessinée d’une phalange grec

Les perses de leur côté, misent sur leur nombre et leurs flancs. Le commandement de l’armée se situant au milieu de la ligne de bataille tandis que l’armée se compose essentiellement d’archers à l’armure légère. L’objectif pour Miltiade est donc de briser les flancs perses en renforçant les lignes latérales, comme présenté dans le schéma ci-dessous :

Schéma de la bataille de Marathon, Athéna Léoussi, La Formation d’une identité européenne, in Batailles, une histoire des grands mythes nationaux, Isabelle Devion & BéatriceHeuser (dir.)

Malgré les excellents archers perses, les phalanges grecques se lancent à grandes enjambées dans la bataille en poussant le cri de guerre athénien « Eleleu ! Eleleu ! » selon Hérodote. Les flancs perses sont brisés et repoussés jusqu’à la mer. La victoire est plus qu’écrasante pour Athènes et Platées : plus de 6 000 « barbares » périssent tandis que seuls 192 athéniens tombent au combat (selon Hérodote).

Et après ?

Le rembarquement est donc calamiteux pour les Perses qui n’abandonnent pas pour autant. Après leur échec à Marathon, ils prennent la direction du sud de l’Attique pour débarquer au port de Phalère, l’un des trois ports antiques de la cité athénienne, où il ne reste que des femmes, enfants et vieillards.

À ce moment-là, c’est toute l’armée grecque qui accourent sur Athènes en parcourant les fameux 42 kilomètres séparant les deux lieux. Voyant à nouveau l’armée prête à défendre la cité, les Perses auraient rebroussé chemin sans même lancer d’offensive. Ainsi était né le Marathon !

Après la mort de Darius, son fils et successeur, Xerxès Ier lança une deuxième offensive visant à venger cette défaite et consolider les positions acquises en Mer Égée durant la première campagne. Mais ça, c’est une autre histoire qui fera l’objet d’un article le mois prochain !

Merci d’avoir lu ce focus sur la bataille de Marathon, et à très bientôt dans les Flâneries de l’Histoire !