Un paquebot luxueux

En 1909, la White Star Line (compagnie maritime spécialisée dans les voyages transatlantiques) annonce la construction d’un nouveau gigantesque paquebot, qui serait le jumeau de l’Olympic, un navire construit l’année précédente. Ces deux navires font partie de la gamme de paquebots les plus grands et luxueux de leur époque.

Le navire est bâti à Belfast et est présenté en mai 1911. Il y est mis à l’eau pour plusieurs essais durant quelques mois avant de rejoindre la ville de Southampton pour le départ de son voyage inaugural. À son bord, le navire est dirigé par Edward Smith, un commandant expérimenté de 62 ans.

À Southampton, Cherbourg et enfin Queenstown, ce sont près de 1324 passagers accompagnés de 889 membres d’équipage qui prennent position pour ce grand voyage en direction de New York.

Le Titanic amarré au port de Southampton

Des personnalités embarquent à son bord tel que John Jacob Astor, milliardaire ou encore Margaret Brown, celle qui fut par la suite surnommée « l’insubmersible Molly Brown ».

Le paquebot contenait aussi une importante cargaison avec près de 900 tonnes de fret ! C’est une véritable ville flottante avec de nombreux lieux de convivialité (piscine chauffée, court de squash, salle à manger, bars, fumoirs, salon de coiffure, etc…) et un niveau de confort variant selon la classe (évidemment…). Ce dernier y est néanmoins supérieur à tous les autres paquebots de son époque. Les chambres de la première classe sont très raffinées :

Une cabine de première classe à bord du Titanic

Techniquement, le navire dispose de 16 compartiments étanches, devant théoriquement limiter les risques d’avaries sur le bâtiment, ce qui forge, aux yeux des passagers et des médias, sa réputation de navire fiable. Néanmoins, contrairement à ce qui a été popularisé après la catastrophe et notamment dans le célèbre film de James Cameron, le Titanic n’était pas désigné comme « insubmersible » et visiblement à juste titre…

Le naufrage

Dans les jours précédant la catastrophe, le navire reçoit le signalement de nombreux icebergs de la part d’autres navires se trouvant dans la zone. Pourtant, la plupart de ces messages ne sont pas pris en compte par les opérateurs radios qui ne transmettent pas l’info immédiatement au nid-de-pie.

Cela sera évidemment fatal puisque le veilleur du nid-de-pie signale la présence d’un iceberg à moins de 500 mètres du bateau naviguant a près de 41km/h (22,5 nœuds), ce qui limite les possibilités d’arrêt d’urgence.

L’officier Murdoch

Le 1er officier Murdoch tente de faire dévier le navire pour éviter l’iceberg. Les différents témoignages des membres de l’équipage ayant survécu semblent s’opposer. Le personnel de la salle des machines a prétendu que les ordres indiquaient « stop », alors que des officiers prétendent que Murdoch demandait de faire marche arrière-toute. Dans tous les cas, il est déjà trop tard pour le Titanic…

C’est donc au large de Terre-Neuve, le 14 avril à 23h40, que le Titanic heurte l’iceberg qui lui sera fatal. Une voie d’eau se fait sur le flanc tribord du navire. Au premier rapport, rien ne paraît alarmant mais lors du diagnostic détaillé, Smith constate que la salle de tri du courrier est inondée.

Thomas Andrews

L’architecte du navire, Andrews, réalise donc que cinq des 16 compartiments sont touchés. Le paquebot peut rester à flots si quatre compartiments seulement sont inondés. Avec cinq compartiments inondés, le Titanic est condamné.

Smith fait alors lancer des signaux d’alertes à d’éventuels navires mais ces derniers sont trop éloignés pour secourir à temps les malheureux passagers du Titanic, qui s’apprête à sombrer en moins de 2 heures et 40 minutes.

Le déroulement du naufrage du Titanic

Le naufrage du Titanic met en avant les énormes carences de l’époque en termes de sécurité à bord des navires croisièristes : le nombre des canots est trop limité (ils prévoient une capacité totale de 1178 personnes contre plus de 2000 personnes à bord) et le système d’évacuation est mal pensé. De plus, dans la précipitation, certains canots sont mis à l’eau alors qu’ils ne sont qu’à moitié remplis.

À partir de 2 heures du matin, les derniers signaux d’alerte sont donnés, l’orchestre (qui avait valeureusement continué de jouer pour apaiser la foule) arrête de jouer et l’eau envahit les pièces des ponts supérieurs. Bientôt, les lumières s’éteignent et ne résonneront plus que les cris de détresse des passagers. Le navire sombrera par l’avant puis se détachera en deux. La proue du bateau sombre d’abord pendant que l’arrière flotte quelques minutes avant de couler à son tour. Pour ceux l’ayant vu, ceci est représenté assez fidèlement dans le film de 1997 de James Cameron.

Une scène du naufrage dans le film de James Cameron, Titanic (1997)

Les rescapés seront récupérés par le Carpathia, un navire qui avait pu intercepter les signaux de détresse du Titanic.

Redécouverte

Ainsi, ce qui fut le paquebot le plus luxueux se retrouva englouti à plus de 3 800 mètres de profondeur dans l’Atlantique. Malgré des recherches plus ou moins actives durant quelques décennies, l’épave reste introuvable jusqu’en 1985 ! Elle est découverte Robert Ballard dans le cadre d’une mission de la marine américaine, qui permit ainsi de redécouvrir ce « Titan » (sans mauvais jeu de mot) qu’était le paquebot.

Les techniques se perfectionnant dans les années 1990-2000, des images saisissantes de l’épave ont pu être filmées. Les deux parties du navire se situent à plus de 800 mètres l’une de l’autre, séparées par un champ de débris et d’objets en tout genre, dont certains ont été remontés à la surface par les différentes équipes de recherches.

La proue du navire en 2004

Si des polémiques justifiées ont pu avoir lieues sur l’éthique de ces recherches (qualifiées par certains de pillage de tombe), elles ont aussi permis de rendre hommage à toutes les victimes du naufrage. Outre des vêtements tels que des bottes, une montre fut par exemple retrouvée, figée à 2h16, qui fut probablement l’heure fatidique pour son propriétaire…

Le violon de Wallace Hartley (qui joua jusqu’aux toutes dernières minutes) a été retrouvé quasiment intacte, tout comme des bracelets et de la verrerie utilisée par les hôtes de première classe.

Le violon de Wallace Hartley – Crédits : catawiki
Un bracelet du nom d’Amy – Crédits : catawiki

Après sa redécouverte, c’est bien sûr le film de James Cameron qui rendit un vibrant hommage à la catastrophe, certes à travers un scénario à la Roméo et Juliette mais également en tentant de respecter au maximum le récit des faits, heure par heure, à travers les yeux des protagonistes. Cameron s’est réellement entiché de l’histoire du paquebot et participe souvent aux campagnes de recherche sur la catastrophe, qu’il a tenté de restituer au grand public à travers son film saisissant de réalisme.

Le documentaire « Titanic, 20 ans après » sorti en 2017 par National Geographic est très intéressant pour comprendre la catastrophe et je le recommande aux personnes intéressées.

Crédits Vidéo : Nat Géo France

Bien que protégé par la convention UNESCO sur le patrimoine subaquatique, les scientifiques estiment que d’ici 10 à 20 ans, le Titanic se sera totalement dissout sur lui-même à cause de bactéries rongeant l’épave. Depuis sa découverte en 1985, le navire s’est déjà profondément détérioré. Qui sait quel mystère pourrait-il encore dévoiler avant de tirer une dernière fois sa révérence ?

Merci d’avoir lu ce focus titanesque (c’était la dernière, promis) et à très bientôt !