Le Président algérien, au pouvoir depuis 1999 est bel et bien candidat à sa succession. Depuis plusieurs mois, les rumeurs le laissaient entendre, mais c’est désormais officiel. Alors que son état de santé ne cesse d’alimenter les débats, l’actuel chef d’Etat briguera donc un cinquième mandat.
Un AVC en 2013
Les Algériens n’ont plus entendu la voix de leur Président depuis l’AVC subi par ce-dernier en 2013. On se souvient de cette séquence marquante avec François Hollande où on le voit, passif, quasiment absent, esquissé un signe de la main. Pourtant, le chef de l’Etat français avait assuré que son homologue était en pleine possession de ses moyens intellectuels. Trop peu pour lever les doutes.
Alors que l’armée dispose d’un poids considérable en Algérie, le chef d’Etat-Major a déjà assuré qu’il n’interviendrait pas pour empêcher le président sortant de se représenter aux élections. Pire, le FLN, le Rassemblement national démocratique (RND), le Mouvement populaire algérien (MPA) et le Tadjamoue Amel El Djazair (TAJ) ont annoncé qu’Abdelaziz Bouteflika serait leur candidat le 18 avril prochain. Et tandis qu’une proposition de report de l’élection a déjà été rejetée, les quatre formations ont expliqué soutenir le président sortant « en signe de reconnaissance des acquis importants que l’Algérie a réalisés sous sa direction et en soutien à son programme ambitieux de réformes et de développement pour une Algérie épanouie, unie, solide et réconciliée ». Il ne s’agit pas d’un extrait de 1984, mais bien d’un discours qui rappelle étrangement les méthodes occultes des partis uniques. Il n’est ainsi jamais question de l’état de santé du président, c’est un non-sujet.
Dans un pays où l’opposition est très diminuée, minoritaire mais surtout incroyablement divisée, Bouteflika part favori, d’autant que sa réélection ne fait tristement pas l’ombre d’un doute. Et ça, l’opposition en un bien conscience, si bien que l’idée d’un boycott ne fait pas consensus.
Un remake de 2014 avec un candidat fantôme ?
Le pouvoir ne s’est pas opposé formellement à un report. Il a même été discuté en interne dans le but d’éviter de revivre la campagne de la présidentielle de 2014 durant laquelle le candidat Bouteflika n’avait jamais pu s’adresser aux électeurs et avait été totalement absent des médias. Grandement diminué depuis son AVC, les doutes quant à sa capacité à diriger le pays inquiètent de plus en plus, et la perspective d’assister à une nouvelle campagne sans l’apercevoir se dessine dangereusement.