Cracovie, le Milan de l’Est ?

La capitale culturelle de la Pologne a la chance de compter deux clubs au plus niveau national, tout deux fondés en 1906. En proie à de gros soucis financiers, le club aux 13 titres de champion de Pologne, le Wisla Cracovie, a du compter sur la venue de l’ancien joueur de Dortmund et international Polonais, Jakub Blaszczykowski, qui a généreusement épongé les dettes du club. Cela n’aura cependant pas suffi pour faire figurer le Wisla dans la première partie de tableau la saison dernière. Côté tribune, ce n’est guère mieux, des dissonances apparaissant à l’intérieur du plus important groupe Ultras, un des leaders étant accusé d’avoir collaboré avec la police, ce qui est loin d’être bien vu dans le milieu.

Néanmoins, quand ces maux sont oubliés le temps de 90 minutes, cela donne tout de même une très belle ambiance. Belle mais intrigante : une seule véritable tribune est debout et chante toute la rencontre mais à l’intérieur de celle-ci, plusieurs petits groupes se forment ne laissant pas place à un bloc compact. Les désaccords précédemment évoqués y sont sûrement pour quelque chose. Cependant, comme à Varsovie, ce qui impressionne est la constance et la participation de tous et durant l’intégralité du match aux chants et animations.

Et quand le Wisla rencontre un de ses plus grand rival en Pologne le Legia, l’ambiance vire même à l’exceptionnel. Sur un corner, tout le stade peut suivre le Kop donnant une sacré puissance vocale au stade pouvant contenir plus de 33 000 personnes. Seul petit bémol, l’absence des supporters visiteurs comme c’est malheureusement trop souvent le cas en Pologne (comme en France).

« Against Modern Football » les messages à l’Est trouvent des similitudes plus à l’Ouest…

A à peine 1 km de l’antre du Wisla, se trouve celui du KS Cracovia. Environ deux fois plus petit, celui-ci nous offre néanmoins une belle ambiance quand le club tourne bien. Cette saison fut d’ailleurs la bonne puisque le KS a réussi à accrocher une place pour les tours préliminaires de l’Europa League pour la première fois de son histoire. Malheureusement, les joueurs du KS se sont déjà fait sortir en juillet. Comme c’est le cas au Wisla et dans la plupart des stades polonais, une seule tribune regroupe les Ultras. L’ambiance est donc bonne, le stade étant petit et doté d’une bonne résonnance, mais celle-ci est loin d’être exceptionnelle et pas mal de petites ambiances françaises peuvent s’y assimiler. On pourrait donc la qualifier de plus « familiale », tout en étant dotée d’un bon noyau d’irréductibles.

Le petit Stade Józef-Piłsudski pouvant contenir un peu plus de 15 000 personnes.

La Guerre Sainte

Comme souvent lorsque l’on parle de derby on parle de haine, et ce n’est pas pour rien que les deux derbys de la saison dernière se sont déroulés sans supporters adverses. Même les locaux pas forcément intéressés par le football nous conseillaient de ne pas faire savoir notre préférence entre les deux clubs dans la ville pour éviter tout danger. Comme le rappelait nos confrères de La Grinta en 2014, le derby de Cracovie a un nom et pas n’importe lequel : Guerre Sainte. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le ton est donné et quand l’on a échos les violences connues dans le passé, on se dit que l’expression n’est peut-être pas si forte que cela. Le derby de décembre 2017 en est d’aillleurs l’illustre exemple, avec des lancés de fumigènes entre les supporters des deux clubs. Les hooligans des deux clubs sont d’ailleurs les seuls à ne pas avoir signé le Pacte de Poznan visant à interdire l’utilisation d’armes blanches pendant les combats…

Les murs de la ville s’habillent aux couleurs des deux clubs et de leur rivalité aux dépens de nombreux graffitis. Il n’est pas rare de voir dans la ville de simple étoiles barrées : l’étoile étant le blason du Wisla, vous comprendrez vite qui en sont les auteurs.

La belle histoire d’amour entre les Ultras et la police passe les frontières… (source : bd_chips)
Les artistes du KS Cracovia (source : bd_chips)

Le bilan :

Dans une ville où la culture et l’histoire sont prépondérantes, le football a réussi à se faire une place tout aussi historique avec pas moins de deux clubs évoluant au plus haut niveau national. Pour tous les mordus de belles rivalités en tribune, on vous conseille donc de cocher Cracovie dans votre liste des prochaines destinations. Certes, vous n’aurez pas affaire aux plus beaux stades d’Europe, mais au même titre que Milan, Madrid ou encore Berlin l’année prochaine, vous pourrez assister à la division d’une même ville, acquise pour l’un ou l’autre des deux clubs. De plus, pour les amateurs de pyro et de bières, les stades polonais sont pour vous the place to be ! Rendez-vous dans l’épisode 2 pour découvrir un troisième stade polonais…