La France première à arrêter, et première à reprendre avec du public

Pour une fois, les supporters semblent avoir été mis au cœur de la reprise du football en France, ce qui n’est pas pour nous déplaire tant cet acteur est important pour ce sport et tant il est parfois oublié des débats. Même si les considérations économiques semblent avoir pesées dans la balance, la volonté des autorités a toujours été de reprendre avec du public. Bien évidemment, un retour à la normale était impossible, la jauge de 5000 personnes maximum a donc fait son apparition, d’abord pour les finales de coupes, puis s’est généralisée en Championnat avec quelques exceptions dans des régions plus touchées que d’autres par le virus, où les préfets peuvent prendre des mesures un peu plus répressives. D’ailleurs, pas plus tard qu’hier le Ministre de la Santé Olivier Véran a réduit la jauge à 1000 personnes maximum dans plusieurs villes où la circulation du virus est active telles que Bordeaux, Saint-Etienne, Lyon, Nice, Lille, Toulouse, Paris ou encore Montpellier.

Quid à l’étranger ?

L’Allemagne qui a été le premier pays à reprendre parmi les cinq grands championnats européens a initialement pris la décision de ne pas faire revenir le public jusqu’à fin 2020. Finalement, dans les prochaines semaines un retour expérimental sera possible, jusqu’à 20% maximum de la capacité du stade.

En Angleterre un test de 2500 spectateurs avait été effectué fin août pour la rencontre amicale entre Brighton et Chelsea mais pour le moment les matchs officiels se déroulent toujours à huis-clos.

En Espagne, Javier Tebas, le président de la Liga va plus loin en expliquant qu’il n’y aurait pas de public dans les stades tant qu’il n’y aurait pas de vaccin permettant de contrer la COVID-19.

Enfin, en Italie, très durement touchée par le virus, le gouvernement n’est pour le moment pas favorable à un retour du public dans les stades.

En Europe de l’Est, on peut voir des matchs au stade comme en Pologne par exemple où cela fut possible très tôt d’ailleurs : dès le 19 juin, 25% de la capacité des stades était accessible au public.

La France fait donc figure d’exception en Europe de l’Ouest et parmi le Big Five avec l’autorisation du public dans les stades jusqu’à 5000 personnes. Mais est-t-elle vraiment sensée et sans risque ?

Malgré la limitation, des regroupements…

Cela fut la première surprise lors de la finale de Coupe de France le 24 juillet dernier opposant le PSG à l’AS Saint-Etienne. La plupart des 5000 personnes autorisées à assister à la finale était regroupée dans la même tribune avec seulement une légère distance entre les groupes. Dans le centre-ville de Saint-Etienne, qui pensait pouvoir vibrer toute la soirée après la qualification dans les dernières minutes face à Rennes, la pandémie a bien évidemment modifié les plans. Mais là encore, des décisions très étonnantes fut prises par la préfecture, notamment l’interdiction pour les bars du centre-ville de diffuser le match en terrasse, obligeant tous les supporters stéphanois à s’agglutiner à l’intérieur des établissements où tous les spécialistes vous diront que le virus circule beaucoup plus vite qu’à l’extérieur.

S’il est évident que retrouver des stades à 40000 personnes est impossible actuellement, il semblerait plus prudent de mettre des distances plus importantes dans les stades, et de permettre au maximum aux supporters de se retrouver en extérieur.

Jurisprudence le Puy du Fou ?

La nouvelle avait fait un petit tollé cet été. En effet, la Cinéscénie du Puy du Fou en Vendée avait obtenu une dérogation pour accueillir 12000 personnes pour son évènement, qui sur le papier, semble présenter les mêmes caractéristiques qu’un match de football. Pendant ce temps-là, les supporters de football devaient se serrer dans les bars pour voir les phases finales de la Ligue des Champions, et le début de la Ligue 1. Un deux poids deux mesures assez incompréhensible en effet, tout comme l’autorisation de public sur le Tour de France durant lequel les distances sociales étaient difficiles à faire respecter. La polémique avait d’ailleurs valu à l’évènement de revoir ses plans et de passer à la limite des 5000 personnes.

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Le vendredi 24 juillet, 12000 personnes assistaient au premier spectacle de la Cinéscénie du Puy du Fou, pendant que le même jour seulement 5000 personnes pouvaient assister à la finale de Coupe de France au Stade de France pouvant contenir 80000 personnes (Crédits photo : France 3 Régions)

Il semble très difficile de porter un jugement sur les mesures prises, tant celles-ci sont difficiles à prendre d’un point de vue sanitaire mais aussi économique. La jauge de 5000 personnes permet notamment aux clubs de récupérer des revenus de billetterie, non négligeables après l’arrêt brutal de la saison dernière, et elle permet également de faire respecter un maximum les gestes barrières. Néanmoins, le gros bémol tient au fait que les regroupements se déroulent ailleurs, et parfois dans des lieux où le virus circule beaucoup plus rapidement que dans un stade. Quand bien même les spectateurs se retrouvent au stade dans le respect de la jauge, les distances sociales semblent parfois quelque peu oubliées. Certaines décisions auraient mérité un peu plus de cohérence, notamment dans des stades ayant une grande capacité pouvant sûrement accueillir plus de 5000 spectateurs, et dans des conditions sanitaires meilleures que si celles-ci se retrouvaient ailleurs.

Une chose est sûre, les acteurs du foot n’attendent qu’une seule chose…