À Narbonne, des cimetières sous les parkings

Narbonne, on le sait, était une importante colonie romaine. Elle fut fondée en 118 avant J-C et répondait au nom de Colonia Narbo Martius non loin d’un oppidum celte servant de comptoir commercial. Plus tard, la ville fut désignée par l’empereur Auguste comme capitale de la Gaule Narbonnaise, région correspondant grosso modo à une bonne partie du midi de la France. Si l’on suit la description qui en est faite par Pline l’Ancien, la Narbonnaise était limitée à l’est par le Var et les Alpes, englobait Vienna (Vienne), remontait au nord jusqu’aux Cévennes et au Jura. Enfin, à l’ouest, elle s’étendait jusqu’à la région de Narbo et de Tolosa (Toulouse).

La Narbonnaise aisément reconnaissable, représentée juste avant la conquête des Gaules

Ce changement de statut fait de la colonie un des plus grands ports de commerce méditerranéens et lui assure une prospérité économique relativement stable. Dans un tel contexte, les infrastructures se développent, tout comme la démographie de la ville. Et qui dit population nombreuse dit sépultures nombreuses, jusqu’à en constituer des quartiers entiers…

En effet, sur le site d’une zone commerciale de Narbonne, l’INRAP (Institut National de Recherche et d’Archéologie Préventive) qui intervenait avant la construction d’un chantier vient de communiquer une découverte exceptionnelle. Sous un parking de cette zone, près de 1 000 sépultures excellemment bien conservées sortent actuellement de terre, sur une superficie totale de 2000 m². À ce jour, les sépultures ont toutes été datées des I° et II° siècles.

Le site est exceptionnel au niveau européen voire mondial 

La responsable des fouilles sur le site, Marie Rochette, estime que le site est d’une importance primordiale : « Le site est exceptionnel au niveau européen voire mondial car les tombes sont parfaitement conservées alors que généralement on ne trouve que les fonds de sépulture. Ici, elles sont restées quasiment entières », des propos relayés par La Dépêche.

Ce site fut conservé grâce à sa proximité avec un cours d’eau. Les couches de limon aurait permis l’excellente conservation de l’ensemble. Les fondations des caveaux et différentes concessions sont préservées et permettent d’en apprendre d’avantage sur le fonctionnement d’un quartier funéraire. Sur un cimetière d’une telle ampleur, les défunts étaient souvent regroupés par familles mais également par catégories professionnelles.

La zone fouillée s’étend sur 2000 m². Ici, photographiée par un drône
Source : Denis Gliksman, Inrap

Une stèle et son épitaphe ont été retrouvées. Son inscription latine est dédiée aux dieux Mânes (D * M) et aux deux enfants disparus reposant dans la sépulture associée. Les Mânes sont des divinités associées aux différents rituels accomplis lors des funérailles chez les romains.

La stèle indique : « À Festus, 10 ans, et Aquila, 8 ans, Iulia Protogenia à ses chéris« 
Source : Denis Gliksman, Inrap

Si le chantier doit encore durer plus d’un an, les différentes sépultures ont déjà livré toute une série d’objets ayant appartenu aux défunts ou donnés en offrande par leurs familles : bijoux, fioles, biberons, vases ou encore amphores.

Un exemple des dizaines de flacons à parfum retrouvés sur le site
Source : Denis Gliksman, Inrap

Une épave au large de Majorque

En parlant d’amphores retrouvées, voici une découverte remarquable effectuée au large de l’île de Majorque. En juillet dernier, plusieurs habitants de l’île ont dit avoir remarqué au cours de baignades la présence d’objets ressemblant à des amphores. Des archéologues de l’Institut d’études en archéologie maritime des Baléares se sont ainsi plongés (c’est le cas de le dire) dans la recherche de ces trésors sous-marins. Et quelle ne fut pas leur découverte !

Non loin du littoral, une épave romaine contenant près d’une centaine d’amphores, pour certaines encore scellées, a été découverte. Le navire a probablement fait naufrage il y a 1 700 ans (III° siècle). Il est relativement modeste de par sa taille (10 mètres par 5) ce qui implique qu’il devait s’agir d’un navire commerçant ralliant la péninsule ibérique et l’Italie. La cargaison qu’il transportait confirme cette théorie puisque ce ne sont pas moins de 93 amphores qui ont été retrouvées à son bord.

Les amphores découvertes dans l’épave au large de Majorque.
Source : Consell de Mallorca/IBEAM

Il est pour l’instant difficile de déterminer le contenu de ces amphores à 100% car ces dernières ont été très fragilisées. Les spécialistes pensent à du vin, de l’huile d’olive ou encore du garum (sauce très utilisée pour accompagner les plats dans la Rome Antique). Ce n’est qu’après des études minutieuses et complexes que les spécialistes pourront déterminer leur contenu avec précision.

La plupart des amphores ont été transférées au Musée de Majorque, où elles sont désormais traitées afin de les consolider. Les causes du naufrage sont quant à elles difficiles à expliquer pour le moment même si deux scénarios se précisent : une voie d’eau ou un conflit interne à l’équipage, les deux raisons les plus souvent évoquées en cas de naufrage de navire marchand.

Insolite : une géante chez les mongoles

À l’occasion de fouilles menées près du lac Khövsgöl, en Mongolie, le corps d’une femme incroyablement grande a été retrouvé… 1m80. Alors oui « géante » est un bien grand mot mais trouver un corps de cette envergure, qui plus est de sexe féminin, est assez rare sur cette période-là (entre le X° et le XV° siècle).

La sépulture de la guerrière retrouvée en Mongolie.
Source : Irkutsk National Research Technical University (service presse)

Cette femme devait être une guerrière puisqu’elle fut inhumée avec un attirail habituellement réservée aux hommes (couteau, hache, selle, étriers, etc…). Si l’hypothèse est invérifiable, peut-être avait-elle participé en tant que guerrière aux incursions mongoles en Europe en 1242. En effet, des objets européens de cette période-là ont été mis au jour sur le site où cinq autres sépultures ont été découvertes (quatre de femmes et une seule d’homme).

Artour Kharinski, professeur et directeur du laboratoire de recherche en archéologie, paléontologie et systèmes d’activités des peuples d’Asie du Nord à l’Université d’Irkoutsk, ose la comparaison avec les Amazones, célèbre peuple de femmes guerrières décrit dans la mythologie grecque :

« Cette femme  que nous avons trouvée enterrée était une sorte d’ « Amazone mongole », une dame assez forte, capable de vaincre certains hommes. On peut supposer qu’elle était une guerrière, parce que dans l’au-delà on a envoyé avec elle un long couteau, une petite hache, une selle avec des étriers et un bol en cuivre, un attribut extrêmement rare pour les enterrements de femmes »

Peut-être a-t-on retrouvé l’ancêtre de Wonder Woman, qui sait !