Ils étaient déjà venus au Festival Paroles et Musiques il y a quelques années, alors forcément, Saint-Etienne, Florent et Sylvain connaissent déjà. Le Zénith aussi, et ça ne leur fait pas peur. Alors que la soirée promet d’être festive, les deux compères se présentent en conférence de presse pour nous livrer leurs impressions. Et quand on leur demande ce qui a changé depuis la dernière fois, ils répondent qu’il y a du nouveau, « nouvel album » (Je me dis que toi aussi), « nouvelle tournée » mais aussi « nouvelle scénographie« . Tout est neuf donc. D’ailleurs, tous les deux confient que « c’est la scène qui [les] fait le plus vibrer« . Et même s’ils reconnaissent qu’ils aiment bien faire du studio, l’occasion « d’expérimenter des styles« , « partie du travail qu’on avait du mal à faire avant« , ils restent des aficionados des salles de concerts et des festivals. Et pour cause, ils composent aussi pour d’autres artistes dans cet important « travail de laboratoire« .

Le groupe s’est formé au lycée. Bien sûr, l’envie commune de faire de la musique combinée à leur rencontre sur les bancs scolaires a fait naître le projet. Très vite, les premières compositions, les premiers concerts et même les enregistrements « maison » arrivent. Depuis, rien n’a changé. Interrogés sur leur façon si authentique de travailler, ils admettent faire l’essentiel tout seuls, des enregistrements aux clips vidéos. « On a un peu de matériel chez soit pour mettre les idées sur ordinateur, ça coûte nettement moins cher, c’est facile » expliquent-ils. Et d’après eux, ils pourraient même enregistrer un clip dans les loges. Chiche.

« On ne rêvait pas de gagner quoi que ce soit, mais on a tout fait pour, on a beaucoup bossé. »

Florent (Boulevard des airs)

Humbles et passionnés, ils refusent de sortir un artiste du lot de ceux avec qui ils ont collaboré. Ce qui compte, ce sont les expériences, « toutes différentes et toujours sympas« .

En début d’année, Boulevard des airs a remporté le trophée de la « chanson originale » de l’année lors de la 34e cérémonie des Victoires de la musique, devant Damso, Orelsan, Louane, Julien Doré et Aya Nakamura. Pourtant, « On ne rêvait pas de gagner quoi que ce soit, mais on a tout fait pour, on a beaucoup bossé. Ce qui se passe pour nous est déjà génial. On essaye de rendre au public ce qui nous donne. » Sylvain et Florent l’admettent humblement : « La Victoire de la Musique c’était super, on ne s’y attendait pas du tout. On ne pensait jamais pouvoir gagner face aux autres.« 

Plus tard, on leur demande de nous parler d’un titre qui est moins connu, mais qui mérite qu’on s’y attarde, celui de leur choix. Sylvain propose « Tout s’effondre », titre du dernier album Je me dis que toi aussi, « une petite histoire d’anticipation, de fiction, dans 100 ans quand il n’y aura plus de pétrole sur une terre ruinée« . La description apocalyptique montre l’intérêt du groupe pour les questions environnementales et climatiques, signe de compositions ancrées. Sylvain poursuit : « les conditions sont atroces, mais il y a toujours des humains avec leurs histoires d’amour. » Et ils racontent que « deux personnages portent des masques, des gants mais ils continuent de s’aimer quand même. J’espère que ça n’arrivera pas. » « Tout s’effondre autour de nous, mais nous on s’aime malgré tout. »

Le groupe se produit en festival pour la première fois en 2005. Une progression fulgurante pour des musiciens passionnés. Ils avouent n’avoir que très peu de souvenirs de ce concert, « ils nous avaient invités, je me demande bien pourquoi, mais vraiment, merci à eux« . Et pourtant, tout n’a pas été fantastique, et il y a eu « des concerts pourris« . « On se souvient d’un concert au self du lycée. C’était affreux, y’avait que des profs, aucun élève. » Et dans tous ces souvenirs par centaines, ils retiennent bien sûr leur premier concert à Paris, après les attentats, avec une atmosphère particulière mais aussi des dates en Argentine, « quand les gens chantent vos chansons à l’autre bout du monde« .

On est taquins, alors on leur demande le pire catering de leur vie. Ça tombe bien nous disent-ils ; « on fait le Guide Michelin du catering« . « Le pire, c’est chez nous, dans notre ville, dans la salle de concerts dans laquelle on a grandi, c’était des choses simples pourtant, mais c’était dégueulasse« . Dans les éclats de rire, l’anecdote a pourtant du bon : elle témoigne de la densité du chemin déjà parcouru alors que le groupe n’en est qu’à ses débuts. Mais si vous voulez bien manger, c’est à La Rochelle ou encore à Brive que les musiciens vous recommandent de vous rendre.

Toujours en mouvement, on s’amuse à leur demander s’ils s’accordent parfois du repos. Tout sourires, ils répondent que non, « en ce moment, notre planning est une catastrophe« . Taquins, ils plaisantent : « Dès que la boîte voit un trou dans le planning, ils nous programment, ils doivent penser qu’on n’a pas besoin de dormir« . Quant au nom du groupe, c’est venu « d’un DVD qui trainait enregistré au Bataclan, Un soir Boulevard Voltaire. Au départ, j’ai pensé à « Un soir Boulevard des airs », mais Flo’ m’a dit que c’était bien trop long.« 

Pour finir, on a voulu avoir quelques artistes qu’ils aiment et qu’ils aimeraient faire découvrir. Alors ils citent Odezenne et Mathieu Boogaerts. Vous savez quoi écouter ce soir, après Boulevard des airs bien sûr.