Il me faut préciser avant toute chose que je ne tire pas de mon chapeau les différentes informations historiques à propos des villes et villages du Forez au Moyen-âge. Mes connaissances reposent principalement sur une étude historique assez complète et très intéressante de l’armorial de Revel :

LAFFONT, Pierre-Yves (dir.). L’Armorial de Guillaume Revel : Châteaux, villes et bourgs du forez au XV° siècle. Nouvelle édition [en ligne]. Lyon : Alpara, 2011

Champdieu

Situé à proximité immédiate de Montbrison (au nord de la ville plus précisément), une autre place forte attire l’œil dans l’armorial de Guillaume : « Chandieu » (comme quoi l’ancien français était peut-être plus facile finalement).

Le village de Champdieu représenté dans l’armorial de Guillaume Revel

Champdieu à l’époque de Revel, c’est tout petit… tout petit mais très fortifié. On pourrait même presque dire que le village ressemblait à l’époque à un petit château (« chatiau » pour les intimes). On distingue aisément les remparts de la ville, eux-mêmes entourés d’un cours d’eau. L’accès au village ne se faisait que par un pont-levis.

Si le site de Champdieu fut certainement occupé dans l’antiquité, c’est au Moyen-âge que le village s’organise. Sa première trace écrite remonte à 1212 (soit plus de 200 ans avant le passage de Guillaume Revel). Ainsi, le nom de Champdieu est évoqué comme un prieuré dépendant de l’abbaye de Manglieu, en Auvergne. Le prieur est à cette époque seigneur et justicier du lieu. Les archives de cette période, les « Chartes du Forez », évoquent d’ailleurs à ce propos de nombreux conflits juridiques avec le comte de Forez au XIII° siècle.

Au moment du passage de notre fidèle héraut, un bourg villageois fortifié s’est d’ores et déjà constitué. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ?

À l’instar de Montbrison, Champdieu a également gardé l’aspect circulaire de son centre-ville malgré la disparition des remparts. Certaines habitations occupant actuellement le bourg du village, bien que remaniées, possèdent des fondations médiévales.

La « porte de Bise » forme quant à elle un arc en berceau surmonté d’une bretèche. Elle semble, selon toute vraisemblance, marquer l’emplacement de l’ancien pont-levis visible sur l’armorial. La tour qui lui était accolée est d’ailleurs encore partiellement debout.

Mais ce que Champdieu a le mieux préservé, c’est bien évidemment son prieuré. La plupart des bâtiments encore debout ont conservé l’aspect qu’ils avaient à l’époque de Revel, dont la grande tour carrée et les mâchicoulis sur arcs, très visibles sur le dessin de l’armorial.

Marcilly-le-Châtel

Très proche de Champdieu, le village de Marcilly-le-Châtel est lui aussi aisément reconnaissable dans l’armorial : « Marcillieu-le-Chatiau ».

Le château de Marcilly-le-Châtel dans l’armorial

Les premières traces écrites d’habitat sur le site remonte en 970. La colline était probablement occupée dans l’antiquité. Marcilly était sans nul doute l’une des forteresses les plus importantes permettant à la famille des comtes de Forez d’asseoir leur pouvoir. Pourtant, la présence du château n’entraîna jamais le développement d’une agglomération conséquente. Ainsi, sur la vignette de l’armorial, on ne distinguera que quelques habitations éparses entourant l’église Saint-Cyr au pied de la colline.

Lorsque Guillaume Revel se rend à Marcilly dans les années 1450, il vient à la rencontre d’une imposante forteresse, récemment remaniée pour devenir la résidence favorite de la duchesse de Bourbon Anne Dauphine. Le château originel avait auparavant subi d’importantes dégradations, notamment durant la guerre de Cent Ans au XIV° siècle.

Dans le courant du XVII° siècle, le château tombe à nouveau en ruine, Richelieu ordonnant même sa destruction avant que ce dernier ne soit racheté par une famille de la région. Les différents réaménagements du château avant et après sa destruction rendent toutefois difficiles l’interprétation archéologique du site. Aujourd’hui, une partie de l’ancien château (accès se faisant par l’ouest) abrite une volerie, «  La volerie du Forez ». Le village de Marcilly aujourd’hui s’organise encore pour beaucoup au pied de la colline sur laquelle s’élève les ruines du château, visible sur la photo ci-dessous.

Vue générale du site de Marcilly-le-Châtel avec l’Église Saint-Cyr au pied de la colline, le château en arrière-plan.
Source : DELOMIER, Chantal ; LAFFONT, Pierre-Yves. Marcilly-le-Châtel In : L’Armorial de Guillaume Revel : Châteaux, villes et bourgs du forez au XVe siècle [en ligne]. Lyon : Alpara, 2011

Si l’on enlève les jolis crépis de cette photo, ne nous croirions-nous pas revenu au temps de Revel ?

Saint-Romain-le-Puy

Avec Saint-Romain-le-Puy, on repart un peu plus vers le sud de Montbrison. Tout comme à Marcilly-le-Châtel, le chatiau dessiné par Revel se situe au sommet d’une colline vraisemblablement d’origine volcanique.

Saint-Romain-le-Puy selon l’Armorial de Revel

Le développement d’un lieu de culte dédié à Saint Romain en ce lieu est attesté dès 980, et est compris dans la sphère d’influence de l’abbaye lyonnaise d’Ainay, qui fondera en 1007 le fameux prieuré dont une immense partie est encore visible aujourd’hui.

Se développant de façon constante, il devient l’un des prieurés les plus riches du Forez et a sous sa dépendance à partir du XIII° siècle d’autres prieurés du comté comme Saint-Nizier-de-Fornas (proche de Saint-Bonnet-le-Château) ou encore Saint-Thomas-la-Garde (commune jouxtant aujourd’hui celle de Saint-Romain-le-Puy).

Comme pour Champdieu, les chartes du Forez nous renseignent sur différents partages entre le comte et le prieur concernant les droits et privilèges (notamment de justice) exercés sur le lieu avec un développement villageois de plus en plus conséquent. Et comme si un prieuré sommital (Saint-Romain) ne suffisait pas, le village compte deux autres églises, dessinées dans l’ouvrage : l’église Saint-Pierre, à flanc de colline, entourées de quelques maisons (neuf précisément) ainsi que l’église Saint-Martin, située à l’extérieur du dernier niveau de fortifications. Deux petits bourgs s’étaient donc accolés à ces édifices.

Aujourd’hui hélas, il ne reste que très peu de traces des fortifications du village ni même du bourg médiéval hormis le prieuré qui a quant à lui été relativement bien conservé. De nombreux fragments des peintures murales ont également été retrouvés, tout comme un angle de l’ancien cloître du prieuré.

Le site est aujourd’hui visitable et est géré par Aldebertus, l’association culturelle du Prieuré de Saint-Romain-le-Puy. Leur site web propose par ailleurs des vues d’ensemble de ce site remarquable, que je conseille aux passionnés de ce beau terroir !

Prochaines étapes dans cette série, le sud du Forez, avec Saint-Bonnet-le-Château, Montarcher ou encore Saint-Just-Saint-Rambert ! À suivre…