Ça y est ! Le coup d’envoi du Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand a été donné hier, en deux fois, dans une salle Cocteau pleine à craquer. L’occasion de s’immerger en douceur dans une semaine qui s’annonce riche en courts-métrages de toutes sortes en nous proposant de visionner quelques-uns des meilleurs films des précédentes éditions. Nous avons assisté à la deuxième séance à 22h30 et voici les deux films qui nous ont particulièrement marqués.
Berlin Troika
Un film d’Andrej Gontcharov (2013, 11 minutes)
Dans un bureau classieux, deux représentants de deux superpuissances, que l’on devine être les USA et l’URSS se font face. Ne parlant pas la même langue, ils ont recours à un interprète qui se trouve entre le marteau américain et la faucille soviétique. Malicieux, ce film s’intéresse à un personnage trop souvent oublié des films politiques : le traducteur/interprète. De l’empathie se dégage très vite pour ce personnage en raison de sa position de punching ball qui nous met d’abord mal à l’aise puis nous fait sourire. La mise en scène, extrêmement efficace et dynamique, rend les échanges entre les trois personnages aussi véloces qu’un match de ping-pong professionnel. Et le ton juste des comédiens rend crédible cet épisode fictionnel tout droit sorti de la guerre froide. La conclusion du court-métrage, burlesque et violente, achève le récit avec brio. Car quand les mots ne passent plus, les coups fusent. Et c’est cette violence primale qu’ont en commun les deux diplomates qui, finalement, leur permettra de trouver un terrain d’entente. Rassurant. Ou pas.
Black Star : Rebirth is necessary
Un film de Jenn Nkiru (2017, 11 minutes)
Le film commence avec quelques notes et mots de Sun Ra, précurseur génial de l’afrofuturisme. Et le ton est donné. Dans un méli-mélo d’images glanées ici et là – extraits de documentaires, de clips, d’émissions de télévision – et d’images spécialement tournées pour l’occasion, Jenn Nkiru rend hommage à sa manière à la culture afro-américaine dans sa richesse et sa diversité avec ce court-métrage expérimental. Si l’ambition du film est clairement d’appeler à la renaissance de la culture afro-américaine, sa forme hybride qui pousse l’expérimentation à son paroxysme a dérouté bon nombre de spectateurs y compris des membres de la rédaction ! Mais c’est au final une très belle entrée en matière pour ce festival puisque cela nous rappelle qu’à Clermont la diversité des formes et des sujets est le mot d’ordre ! Bon festival à tous !