Prenons notre élan et faisons un bond vers l’inconnu. Il y a, dans notre monde, des objets et phénomènes étranges qui, à première vue, défient notre entendement et dont l’existence nous parait surnaturelle, ou pour le moins saugrenue. J’en veux pour preuve les aurores boréales ou les endives au jambon. Vous allez pas me dire qu’il fallait pas être fou pour inventer ces deux trucs là. Cependant, si l’un de ces phénomènes est parfaitement expliqué par la science, le second est soupçonné d’être l’œuvre d’un gourmet sociopathe de seconde zone. La comparaison s’arrête là.
Mais !
Mais !
Non, rien.
Regardez donc notre ami qui a eu le courage de braver les premières lueurs de l’aube juste pour aller prendre son café du matin sur son bout de caillou. En voilà un qui est malin. Il a su profiter d’un instant de répit dans sa vie effrénée pour aller admirer un petit bout de terre au moins aussi joli que les autres. Et il lutte. Il lutte car ce moment de paix et de sérénité est menacé par des pensées persistantes qui viennent troubler sa contemplation. Des questions existentielles le hantent. Qui faut-il vraiment blâmer pour la guerre en Syrie ? Découvrira-t-on un jour une théorie du tout ? Est-ce que le café n’est pas juste une soupe de graine, au fond ? A-t-on des nouvelles de Françoise Hardy ?
Comment, donc, nous débarrasser de ces pensées parasites ? Des solutions existent. Non pas une, ni deux, mais sûrement plus que ça. Voici donc quelques conseils experts pour améliorer votre contemplation béate au petit matin devant un paysage à couper le souffle.
1 – Pensez très fort à rien. Cette méthode n’est pas à la portée de tous, certains d’entre nous sont en effet prédisposés à ne brasser que du vent. Si vous avez un con dans votre entourage, et c’est très probable que vous en ayez un, ça pullule ces bêtes-là en ce moment, inspirez-vous de lui. Il vous prodiguera certainement quelques conseils avisés. Ne les écoutez pas ! Laissez-le simplement vous raconter ses vacances à Argelès-sur-Mer et ses exploits au tournoi de pétanque du camping. Vous verrez, si ce n’est pas rien, c’est certainement ce qui s’en approche le plus. Petite astuce : ne prêtez pas attention à ce qu’il vous dit. Oubliez immédiatement ces histoires. Vous pourrez ainsi lui demander de les répéter une prochaine fois. Dans les bonnes circonstances, les cons sont multi-usages.
2 – Essayez de penser à rien encore plus fort. N’essayez cette solution que si la précédente préconisation a été inefficace. Pour vous aider, vous pouvez trouver un objet dans le paysage et y attribuer un mot que vous répèterez en boucle. Au bout d’un moment le mot n’aura plus aucun sens, c’est parfait.
3 – La drogue. Non, je déconne. Le faites pas.
4 – Essayez d’écouter une musique douce qui se chargera de vous transmettre un peu d’émotion. À titre personnel, j’utilise le best-of de Carlos ou la compilation des meilleures sirènes d’ambulances du monde, mais le choix est libre.
5 – Et enfin, prenez votre temps. Jean-Marc là, avec son café, il fait ça vite fait, le matin, avant de se rendre compte qu’il est à la bourre pour arriver à l’heure au boulot. Choisissez un moment de calme où personne ne vous attend. Vous pouvez aussi le faire si quelqu’un vous attend, bien sûr, c’est d’ailleurs mon choix de prédilection. Si on peut faire un peu chier le monde en passant, c’est du bonus.
L’important c’est de ne pas se soucier du temps.